La plongée a commencé de façon monotone, sur un fond de sable désespérément plat, taché de maërl. Rien ne laissait présager la richesse de ce qui allait se révéler sous nos yeux.

Pourtant, dans ce désert, la vie est bien présente pour le naturaliste qui sait prendre son temps. Dès que nous commençons à explorer, des dizaines, voire des centaines d’oursins granuleux font leur apparition, formant des amas presque étranges dans cette étendue vide. Leurs piquants noirs, aux extrémités blanches, se déplacent lentement, leur permettant de progresser doucement sur le fond.

Des oursins lance rouge sont également présents, bien plus petits et colorés. Ils se distinguent par leurs piquants imposants, coniques et rugueux, d’une couleur brunâtre, marquée de cercles plus clairs. Cette touche d'élégance brutale s'ajoute à ce tableau sous-marin.

Plus loin, nos yeux sont attirés par un mouvement subtil. Un juvénile rouget grondin, minuscule, parfaitement camouflé au milieu du maërl, nous observe d’un œil luisant. Ses nageoires pectorales s’étendent comme des ailes, ainsi que ses petites "pattes", et bien qu’il soit perdu dans ce désert de sable, il ne semble pas du tout craintif.

Non loin, des comatules sombres, créatures aux longs bras hérissés, sont posées délicatement. L'une d'elles a élu domicile au sommet d’un tube de spirographe libre de son occupant, offrant un contraste saisissant avec la simplicité du paysage alentour. À proximité, un bouquet de protules rouges ajoute une note de couleur vive, comme un clin d’œil à la beauté cachée de ce fond marin.

Majestueuse, une belle roussette fait son apparition. Sa nage fluide et ample crée une chorégraphie intéressante sur le sable. Quelques étoiles de mer d’un rouge flamboyant tachent le paysage. Elles sont ornées de minuscules piquants hérissés pour se protéger dans ce monde silencieux.

Parmi cette vie marine foisonnante, des pagures, ou bernard-l'hermites, avancent prudemment, protégés par des éponges balle éclatantes d’un orange vif. Leur carapace improvisée brille comme des lanternes dans cet univers feutré.

Le point culminant de notre exploration est sans doute la découverte d’un énorme gorgonocéphale. Ses bras démesurés se déploient en volutes complexes, semblables aux ramifications d’un arbre aquatique géant, offrant une vision surnaturelle. À ses côtés, une pennatule délicate et un grand hydraire plumeux se dressent, tandis qu’un oursin diadème, impressionnant avec ses longues épines noires, semble veiller sur les lieux. Autour de lui, quelques girelles cherchent leur pitance.

À mesure que nous poursuivions notre plongée, nous réalisions l’ironie de la situation. Ce qui semblait au départ être un désert aquatique se révèle être un écosystème débordant de vie, chaque créature jouant son rôle dans cet équilibre fragile mais fascinant.