COMMENT EST-IL ?

La Daurade grise est un poisson agile de forme ovale avec une queue puissante. Son corps, comprimé latéralement, est gris argenté, souvent plus clair sous le ventre, et marqué de lignes longitudinales discontinues plus ou moins prononcées. Son œil noir est cerclé d'une teinte vieil or du plus bel effet. Chez les juvéniles, le museau est plus pointu. Sa nageoire dorsale est unique. La nuit, son corps devient sombre et barré de cinq bandes verticales noires.

OU VIT-IL ?

La Daurade grise peut se rencontrer seule ou en grands groupes à faible profondeur, entre cinq et trente mètres, près des fonds rocheux ou des herbiers de Posidonie. Les individus plus âgés préfèrent les fonds sableux plus profonds, pouvant atteindre jusqu'à trois cents mètres.

QUE MANGE-T-IL ?

La Daurade grise est omnivore, mais ne dédaigne pas un régime carnivore. Elle se nourrit principalement de petits invertébrés, comme les crustacés, ainsi que d'algues.

COMMENT SE REPRODUIT-IL ?

Au printemps, la daurade grise se rassemble en grand nombre sur les fonds sablonneux ou au pied des zones rocheuses pour se reproduire. À cette période, le mâle change d’apparence : son corps gris argenté arbore des bandes verticales dont la couleur varie selon les individus, allant du bleu sombre au blanc éclatant. Chez certains, ces bandes strient principalement le corps, la tête restant très sombre ; chez d’autres, c’est la tête elle-même qui se pare de bandes claires, tandis que le corps s’assombrit dans son ensemble. Ce changement de couleur signale son statut reproducteur et joue un rôle dans l’attraction des femelles.

Le mâle creuse un nid circulaire dans le sable à l’aide de sa queue et de ses nageoires, en frappant le fond pour former un petit cratère. Il nettoie et défend activement cette zone contre les autres poissons. Une fois le nid prêt, une femelle vient y pondre ses œufs, que le mâle féconde aussitôt. Les œufs adhèrent au fond du nid et sont protégés par le mâle, qui les surveille sans relâche et repousse les prédateurs éventuels, comme les sars à tête noire.

Après l’éclosion, les larves quittent le nid pour rejoindre le plancton et poursuivre leur développement en pleine eau. Ce comportement de construction et de garde du nid est assez rare chez les poissons marins et témoigne d’une stratégie de reproduction particulièrement soignée.

NOS OBSERVATIONS

Lors d'une plongée au pied d'un sec, nous avons observé une scène étonnante sur une plateforme inclinée : deux mâles daurade grise se tenaient face à face, leurs bouches presque collées, dans ce qui ressemblait à une forme de lutte ou d'intimidation. Ce comportement, pourrait être lié à la sélection du partenaire ou à une étape préliminaire.

Autour des nids creusés dans le sable, nous avons constaté la forte pression exercée par les prédateurs naturels : des sars à tête noire, des mendoles et d’autres poissons opportunistes tournaient en permanence autour des sites de reproduction. Leur nombre dépassait souvent les capacités de défense des mâles : malgré leur vigilance, ils étaient régulièrement débordés, incapables de repousser toutes les intrusions.

Face à ces pertes inévitables, la stratégie de la daurade grise repose sur la ponte d’un grand nombre d’œufs. Ce nombre élevé compense les prédations et augmente les chances que quelques larves survivent et atteignent l’âge adulte. Ces observations soulignent l’équilibre fragile entre comportement parental et pression écologique dans ces zones de reproduction.