La mer est agitée. La seule plongée un peu plus à l'abri est le "Ville de Grasse". C'est bien, car nous ne l'avons pas encore sur le site Web. Dans ce type de mer, il ne faut surtout pas trainer en surface au risque d'être emporté par les vagues loin du site.
À l'approche du point de largage, le moteur ralentit et dès le signal nous basculons. Rétablissement entre deux eaux puis, dans le bleu, direction le fond, le plus rapidement possible. Nous arrivons exactement sur l'épave.
Le "Ville de Grasse" est très délabré. La partie la plus remarquable est le squelette des deux-roues à aubes. Les Anthias apportent une touche de couleur sur le vert brun des concrétions qui recouvrent l'épave. Après un petit tour sur le plus gros morceau de l'épave, nous nous dirigeons vers le sud sur le sable en direction de la seconde partie du "Ville de Grasse" située à une soixante de mètres de distance.
Là, nous sommes accueillis par un énorme Spirographe. En s'aplatissant sur le sable, sous un restant de coque, il est possible de voir un beau Congre au fond de sa tanière. Après avoir survolé les tôles, nous rebroussons chemin vers notre point de départ.
Au palier, suspendus à notre parachute, nous sommes entourés de Salpes. Vers la fin du dernier palier, nous assistons à un ballet de ceintures de Vénus. Nous sentons passer le plancton sur nos mains et sur notre visage. Une fois en surface, il nous faut remonter à l'échelle dans une mer bien formée.
Le Spirographe est un ver qui vit dans un tube mou pouvant aller jusqu’à 60 cm pour un diamètre de 10 à 25 mm. Il est facilement repérable à son panache en forme de spirale, en réalité, ses branchies, souvent de plusieurs couleurs. Ce panache peut atteindre 15 cm de diamètre. Il est composé d’environ 300 filaments en spirale lui permettant de respirer.
Il est visible dans les eaux riches en matière organique et en plancton, souvent dans des zones de courants. Il aime les fonds meubles, le sable et la vase.
C'est une espèce ovipare. La fécondation se fait en même temps entre les individus. Les œufs sont très nombreux. Les plus grandes femelles peuvent porter jusqu’à 50 000 œufs qui sont entourés d’un mucus et expulsés grâce au canal excréteur de l’animal quand l’eau de mer est à bonne température, entre 11 et 14 degrés selon les observations.
Il est souvent utilisé comme appâts pour la pêche à la Dorade, mais l’espèce est protégée, les prélèvements sont donc contrôlés. C’est le sujet idéal pour s’initier à la photographie sous-marine.
Le "Ville de Grasse" appartenait à la compagnie Grasse-Cannes pour laquelle il effectuait la navette entre Marseille, Cannes et Nice. Le Ville de Grasse, lancé en 1848 par les chantiers de la Seyne, était un vapeur qui possédait une longue cheminée de cuivre et trois-mâts. Propulsé par une chaudière de 70 CV, il jaugeait 150 tonneaux. Il figurait donc parmi les tout premiers bâtiments commerciaux à vapeur.
Naufrage
Parti de Marseille pour rallier Nice, il transportait 54 passagers et différentes marchandises telles que des étoffes, des tissus de tulle, des denrées coloniales, de l'huile. Dans la nuit du 16 décembre 1851, à 3 heures du matin, dans la petite passe séparant Porquerolles de l’île du grand Ribaud, il est percuté par le navire "Ville de Marseille". Pratiquement coupé en deux, il coule en faisant une quinzaine de victimes. L’ensemble de la cargaison est perdu. Le "Ville de Marseille" , gravement endommagé, sauve quelques naufragés et gagne rapidement Toulon toutes pompes en action. Au final, 23 personnes seront sauvées.
Procès
M Bousquet, second de la Ville de Marseille , et M Allies, second du Ville de Grasse, seront condamnés respectivement à 30 jours et 15 jours de prison, 50 et 25 francs d'amende. En appel, le tribunal de Draguignan, le 19 octobre 1852 modifie à peine le jugement : les deux seconds sont condamnés chacun à 15 jours d'emprisonnement.
Légende ou vérité
Il existe un rapport d’un nommé Emmanuel Davin, conservé aux Archives de Toulon, qui indique la présence de 30.000 ou 35.000 francs-or contenus dans des sacs cachetés. En outre, les passagers, de classe élevée, portaient des bijoux. Si l'on ajoute les effets des voyageurs, la perte de la cargaison peut s'estimer entre 61 000 et 76 000 euros. Il n'en faut pas plus pour que naisse la légende du trésor du Ville de Grasse.
Article de journal d'époque
Sur un fond sablonneux, repose le Ville de Grasse et son secret. D'aucuns affirment qu'il contenait un trésor lors de son naufrage. Entre mythe et réalité, sur une mer agitée, nous plongeons à sa rencontre...
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