Mars 2023

Le vent est bien présent en ce mois de mars. Il faut surveiller attentivement les applications météo, souvent contradictoires, afin de trouver un créneau ou Éole soufflera moins fort. Après de longs jours d'attente, nous pouvons enfin prendre le large en direction de notre prochaine immersion. Le moteur ronronne de plaisir. Nous sortons du port sur une mer enfin apaisée. Nous nous décidons pour une plongée d'exploration sur le sable en espérant que l'eau sera plus claire que sur le Michel C et pas trop chargée en particules.

Nous arrivons, après une brève descente, sur un petit affleurement rocheux solitaire au milieu d'une vaste étendue sableuse. Dès qu'un relief est présent, il attire la vie. Ici, c'est aussi le cas. Des Éponges encroutantes orange et jaunes se disputent l'espace avec quelques maigres Gorgones pourpres. Le long tube d'un Spirographe est colonisé par des Oeufs de Calmar. Ceux-ci ondulent gracieusement, bercés par le lent mouvement de l'eau. Un Macropode fait son entrée en scène, se déplaçant en crabe sur ses pattes grêles. Ce petit animal étrange ressemble à une araignée qui aurait fauté avec un crabe.

Sur le sable une belle Bonellie étale son corps en espérant capturer une proie. Un petit Poulpe a aménagé une tanière dans le sable. Une muraille de débris entoure son domicile. Plus loin, aux confins de la roche, le courant a creusé un fossé autour de celle-ci. Elle est maintenant entourée par une dune sableuse. Un beau Spirographe, tout panache branchial déployé, danse en rythme. Son long tube flexible accompagne le mouvement. La lueur de nos phares dessine sur le fond blanc une ombre gigantesque qui semble accompagner le danseur.

Nous nous éloignons sur l'immensité arénacée laissant derrière nous le relief. Un amoncellement d'algues brunes héberge des Ascidies blanches et une petite Éponge balle orange. Devant une Pennatule, délicate plume de mer, est couchée son bulbe encore enfoui dans le sol. C'est la première fois que nous observons cela. D'habitude, la Pennatule est verticale et perpendiculaire au courant pour mieux capter les nutriments. Nous la croisons aussi en boule se laissant rouler sur le sable pour gagner un autre lieu.

Un Grand Cérianthe est aussi présent en arrière-plan. Nous nous approchons pour observer ses délicats tentacules translucides, effilés et urticants. Un Chapon est entouré d'un nuage d'alevins, que Jean-Claude éclaire en contre-jour, mettant ainsi en avant la transparence des corps. Nous regardons le Chapon qui parade devant nous en se soulevant sur ses nageoires pectorales afin de nous impressionner. À quelques distances de-là, un Pagure, aussi connu sous le nom de Bernard-l'hermite, héberge sur son dos trois Anémones. Il file comme l'éclair sur le sol caillouteux.

Nous finissons la plongée avec un autre Chapon qui pour se dissimuler s'est adossé à un relief. Il redresse son épine dorsale à notre approche puis d'un bond prend la fuite en direction de deux Spirographes perdus sur le sable. Nous amorçons notre remontée vers les Paliers non sans envoyer vers la surface le Parachute de signalisation afin que le bateau vienne nous protéger.