Février 2023

Après une navigation exécrable sur une mer très formée, nous arrivons enfin sur les lieux de notre prochaine plongée. L'équipement est laborieux à cause des secousses que la mer imprime à notre coque de noix. En équilibre instable, il faut entrer dans la combinaison, passer les mains dans des manchons étroits, puis la tête et mettre en place le col, se faire aider pour tirer la fermeture éclair puis s'assurer de la bonne étanchéité de l'ensemble. Que du bonheur !

Nous finissons l'habillage en ajoutant les accessoires indispensables : ordinateur, masque, couteau... puis c'est l'ajout des plombs et du bloc. Nous voilà lourdement chargés avec plus de 35 kg de matériel à soulever. Pendant ce temps, le bateau continue de rouler bord sur bord. Enfin, chaque membre de la Palanquée est prêt, nous nous mettons en position pour basculer par-dessus bord. Soudain, le pilote se retourne vers nous en hurlant "Un énorme banc de poissons est sous le bateau sauter ! sauter !"

Aussitôt, nous basculons pour nous retrouver au beau milieu du banc qui tournoie à une cadence folle autour de nous. Certains poissons nous percutent. C'est la folie. L'eau est striée d'éclairs argentés. Elle bouillonne. Nous filmons au jugé en espérant rapporter quelques plans. Soudain, ils disparaissent dans l'eau laiteuse très chargée en particules.

Nous nous laissons descendre pour atteindre le sommet du sec. Celui-ci est recouvert par des Gorgones pourpres. Nous commençons notre promenade à la limite entre la roche et les Posidonies. Les flancs du relief sont recouverts par une végétation luxuriante. Une très belle Bourse de mer s'accroche au substrat. Les polypes des Gorgones sont tous dehors en quête de nourriture. D'une roche percée surgit soudain un Congre qui fonce sur Jean-Claude. Au dernier moment il oblique sur la gauche pour éviter l'impact.

Un beau Spirographe est malmené par la houle de surface dont les effets se font ressentir jusqu'à cette profondeur. Même l'Anémone verte est malmenée, mais elle résiste aux assauts de la mer. Après avoir franchi un étroit goulet, nous arrivons face au large. Une Anémone charnue attend patiemment une proie. Quelques beaux Sars à tête noire nous précèdent puis nous laissent.

Dans les failles, des Apogons vont et viennent ne sachant apparemment pas où aller. Deux belles Murènes vivent en collocation douillettement installées au fond d'une faille inaccessible. Nous arrivons sur la plaine recouverte par les Posidonies. Un Crénilabre paon s'enfonce dans l'herbier à notre vue. C'est un grand timide. Au-dessus de nous, des Girelles nagent en tous sens.

Soudain, l'herbier fait place au sable. Là, ce sont les Sabelles qui ont élu domicile à la limite des deux mondes. Quelques Oursins granuleux utilisent les feuilles mortes des Posidonies pour se recouvrir. Une Étoile de mer épineuse est en position de digestion. Son corps est en appuis sur ses bras.

Nous remontons vers la surface et la houle. Le Parachute est envoyé pour nous signaler. Les Paliers sont sportifs. La mer nous faisant bien comprendre que nous sommes que des invités.