Octobre 2023

Nous faisons route sur une mer ressemblant à un lac frissonnant sous une légère brise automnale. Cap sur Bénat dans la lueur défaillante de l'aube pâle qui peu à peu fait place à l'aurore flamboyante. C'est une palette rosée, riche et variée, que la nature nous offre ce matin. Instant de grâce qui précède une belle journée. Nous retournons sur les lieux où nous avons assistés l'année dernière à la même époque à la reproduction des Lièvres de mer, étranges limaces volantes que le plongeur croise de temps en temps lors de ses excursions sous-marines.

Nous nous immergeons dans une eau sombre, un peu laiteuse. À cette saison, le courant Ligure maintient l'eau à 22 degrés en surface et plus de 15 en bas. La descente se termine sur un fond plat sédimentaire ponctué par quelques reliefs bas comme disséminés au hasard par madame Nature. Quelques Oursins lances rouges habitent ici. Certains sont solitaires, d'autres en couples. Ils sont recouverts par une épaisse couche de végétaux.

Un Serran chèvre, décidément très présent dans toutes nos plongées, tourne autour du relief le plus proche. Il vient nous observer sans crainte. Sur le côté droit du petit monticule, en pleine eau, un nuage d'alevins frétillent en tous sens. Sur le sable coquillier, une petite Sabelle a son tube membraneux incliné sous l'effet du courant. Son panache caresse délicatement les restes d'une coquille Saint-Jacques. 

Nous nous déplaçons vers le relief suivant. En cours de route, une Éponge pinceau se présente devant l'objectif. C'est la première fois que nous la rencontrons. À cet instant, nous ne savons pas encore son nom. Cela promet à la sortie de la plongée une recherche sur Internet et dans différents ouvrages afin de découvrir son identité ce qui n'est pas toujours simple. En cas d'impossibilité, nous ferons appel à des scientifiques de notre connaissance pour nous aider.

Une belle Étoile de mer rouge épouse à la perfection le relief sur lequel elle est posée. À ses côtés, une Éponge rognon et une Ascidie rouge achèvent la mise en scène. Pour l'instant pas de Lièvres de mer. Nous partons sur le sable recouvert par des algues courtes dans l'espoir de les rencontrer. Un majestueux Grand Hydraire plumeux profond d'une blancheur irréelle étale nonchalamment son squelette ramifié aux branches graciles dans la pénombre bleutée. Nous croisons ensuite un beau spécimen de Pleurobranche-tortue qui déambule tranquillement peut-être à la recherche d'une âme soeur.

Les Lièvres de mer sont aux abonnés absents. Est-ce à dire qu'ils ne reviennent pas se reproduire au même endroit chaque année ? À défaut d'un Lièvre de mer, profitons du spectacle que nous offre la gracieuse Pennatule. Cette belle ressemble à une plume d'oie posée dans son encrier. Nous atteignons un petit monticule où une Anémone verte agite ses tentacules terminés par une pointe de fuchsia très agréable à l'oeil. Un énorme Gorgonocéphale entièrement déployé attire notre attention. Il n'est pas accroché à une Gorgone comme c'est fréquemment le cas. Il est fixé sur un câble métallique. Sa taille est conséquente. Nous l'estimons à 80 centimètres au moins.

Une Anémone charnue a trouvé refuge dans une anfractuosité au raz du sable. Au-dessus d'elle, sur les flancs en pente douce du relief, un Chapon est posé délicatement. Il est survolé par un Serran chèvre survolté qui passe rapidement. Une classique Ascidie rouge est à côté d’un beau Parazoanthus de couleur jaune claquant. Au final, il serait possible de passer toute une plongée à observer une petite zone sans avoir le temps de tout détailler. Seule la fraicheur de l'eau nous incite à nous déplacer.

Les minutes s'écoulent et notre temps au fond est maintenant compté. Un dernier regard sur un banc d'Anthias puis, c'est la remontée qui commence. Le Parachute, outil indispensable du plongeur, est suivant notre habitude envoyé vers la surface dès notre départ du fond. Il prévient l'équipe de surface de l'arrivée de notre Palanquée aux Paliers.