Le bateau prend le large sur une mer déjà bien formée par une brise de Sud-Est. La proue de notre esquif éclate les vagues en une pluie d'embruns brillants et translucides. Le ciel, comme le dit la chanson, est si bas qu'il faut lui pardonner. La plongée n'est pas toujours une activité tranquille. Nous sommes ballotés au grè des éléments. L'humidité est très présente. Nous préparons le matériel pour une immersion que nous espérons passionnante. La navigation prend finalement fin, et nous pouvons sauter par-dessus bord en direction du fond.
L'eau, très chargée en particules, est agréable pour la saison, d'autant plus que nous sommes en combinaison étanche. Le fond qui nous accueille est constitué de barres rocheuses parallèles, basses, qui s'étendent au loin jusqu'au moment où le regard les perd de vue. Sur le relief, quelques Gorgones éparses chargées d'Oeufs de Roussette oscillent au grès du léger courant. Les particules d'un blanc pur qui scintillent dans le faisceau des lampes se déplacent rapidement.
Notre première rencontre prend la forme d'Oeufs de Calmar accrochés à une Gorgone qui supporte déjà un Oeuf de Roussette et une chevelure d'algue. Contrairement à la femelle Poulpe qui s'occupe de ses oeufs jusqu'à en mourir, la femelle Calmar laisse dame nature faire le travail en choisissant un lieu où le courant fera le travail à sa place. À quelques pas de là, un Oursin diadème aux piquants longs et fins a trouvé sa place au pied de quelques Éponges rognons.
Continuons notre plongée pour rejoindre une très belle Seiche qui fait mine de ne pas nous voir. Elle est en position stationnaire au-dessus d'une touffe d'algue et a pris la même teinte que celle-ci. Nous la filmons à loisir nous observant mutuellement. Ce tête-à-tête dure un bon moment puis ne voulant pas nous immiscer plus longtemps dans sa vie nous battons en retraite.
À l'ombre d'une Gorgone accrochée à un petit relief, quelques Sars à tête noire nous tournent le dos avec un mépris non dissimulé. Plus loin, au milieu des Gorgones chargées d'Oeuf de Roussette, un Serran chèvre passe en trombe. Un banc de Sars juvéniles survole le relief au milieu des Castagnoles.
Nous atteignons le relief le plus à l'Est juste avant la plaine sableuse infinie. À mi-pente, un Triton se hisse péniblement vers le lieu où il décidera de se reproduire. C'est le premier de l'année. Les autres doivent être en chemin. Sa coquille est recouverte par de nombreuses concrétions. Nous nous éloignons en direction du sable. Une Étoile de mer à 7 bras, qui a connu des jours meilleurs, se déplace sur le sable. Un seul de ses bras à une taille normale. Les autres, reflets de nombreux combats, sont tous de tailles différentes.
La plongée tire à sa fin, mais avant de remonter, nous croisons une Raie torpille qui est complètement aplatie sur le sable. Elle prend son envol non sans avoir pris la pose devant la caméra. Il est grand temps de rejoindre les indispensables Paliers. Le Parachute prend la direction de la surface pour nous signaler au bateau.
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