Avril 2023

Ciel bleu, mer calme, c'est vraiment les prémices des beaux jours d'été. L'air est plus chaud, le paysage de la rade de Hyères plus gai. Nous faisons route vers un splendide sec, le Mler, que nous n'avons pas plongé depuis août 2022. L'ambiance à bord est aux préparatifs et à la rigolade. Le bateau arrive enfin sur les lieux après une navigation tranquille sur une mer d'huile. La première Palanquée se jette à l'eau, en direction du double piton rocheux recouvert par une végétation exubérante et colorée.

Un énorme banc d'Anthias nous accueille. Nous le traversons, nous enfonçant lentement dans les profondeurs bleutées. Nous croisons le chemin d'une Coquette femelle qui a l'air pressé. Comment pouvez-vous reconnaître le mâle de la femelle en plongée me direz-vous ? Rien de plus simple ! La Coquette femelle au corps orange a quatre taches caractéristiques sur le sommet du dos. Chaque tache est séparée par une bande noire. Le mâle quant à lui est vivement coloré sur tout le corps.

Sur la dernière plage précédant le gouffre bleu sombre, de belles Gorgones pourpres aux extrémités jaunes sont au rendez-vous, doucement bercées par le léger courant. Les polypes qui les constituent sont dehors pour capter les particules nourricières de passage. Nous poursuivons notre descente le long des flancs de ce sec qui sont tout simplement vertigineux, d'une verticalité exceptionnelle. À flanc de tombant, accrochées par on ne sait quel miracle, les Gorgones pourpres, exhibent elles aussi leurs polypes blancs. Elles semblent constellées de minuscules taches du plus bel effet.

Suspendu à un relief acéré très haut au-dessus de nous et rejoignant le sol plusieurs dizaines de mètres plus bas, un filet entièrement enveloppé dans une gangue de concrétions, semble là de toute éternité. À ses pieds, une petite cavité regorge de vie. Anthias et Girelles, tournoient dans le faisceau des lampes. Un Serran chèvre vient à notre rencontre, curieux de nous. Sur la paroi des Éponges cavernicoles côtoient des petites Dentelles de Neptune au milieu d'Éponges encroûtantes. C'est la crise du logement ! Il n'y a plus un centimètre carré de disponible.

Nous continuons notre progression. Des Gorgonocéphales crémeux sont accrochés sur les Gorgones, certains sont déployés d'autres, entièrement recroquevillés. Nous arrivons au sable avec quelques Sars à tête noire. Soudain, devant nous, en contrebas sur le sable, un rarissime Saint-Pierre fait son apparition. Sa peau argentée est parcourue par des bandes dorées. Au centre de son corps comprimé latéralement la marque de Zeus est présente.

Il est temps d'amorcer la remontée non sans avoir croisé un splendide Oursin granuleux. Nous escaladons à coups de palmes le sec, en prenant soin de ne rien casser. Le Parachute prend la direction de la surface afin de signaler notre présence. Les Paliers commencent. Il est temps de refaire dans notre tête la plongée pour mieux fixer nos souvenirs. Pour nous aider à passer le temps, Poséidon nous envoie des Leucothéa, splendide plancton dérivant.