Février 2024

Au lever du soleil, par une mer calme et lisse, nous mettons le cap direction l'est de Porquerolles, vers une zone peu explorée par les plongeurs. L'objectif est d'observer les réactions des poissons, peu habitués à notre présence, face à notre nouvelle caméra Insta360 X3 , logée dans son caisson Easydive , fixée au bout d'une perche. L'idée est de maintenir une distance respectueuse par rapport au sujet pour limiter son stress, en ne présentant devant lui que la caméra.

À l'arrière, des échanges animés imprègnent l'atmosphère tandis que nous laissons derrière nous un élégant ruban blanc liquide qui s'étire de plus en plus, s'effaçant progressivement à l'horizon. Sur notre droite, rentrant au port, un modeste bateau de pêche, survolé par un nuage de gabians, complète ce tableau maritime. À l'avant, le profil de Porquerolles se dévoile progressivement, évoquant la silhouette d'un dragon couché, dont l'échine émerge à la surface. Dans un premier plan d'une netteté parfaite, il se dessine lentement, auréolé par la lueur rosée précédant l'apparition de l'astre solaire.

L'équipement est désormais en place, et chacun est prêt à s'immerger. Successivement, nous effectuons le grand plongeon vers les profondeurs marines, dans une gerbe d'écume. À peine émergé du nuage de bulles, la descente commence. Progressivement, la pression se fait sentir. Il est essentiel d'équilibrer les oreilles et le masque, d'insuffler de l'air dans la combinaison étanche, de gonfler le gilet de manière progressive, de mettre en œuvre le matériel vidéo, d'allumer les phares, et de surveiller son binôme. En somme, la descente requiert une concentration totale et occupe pleinement notre temps.

Le paysage sous-marin du jour se compose de plusieurs barres rocheuses parallèles de faible hauteur, entourées par une plaine sableuse. Des petites Gorgones pourpres se dressent au sommet de ces rochers, certaines étant recouvertes d'Oeufs de Rousette entièrement concrétionnés. Une magnifique femelle Crénilabre rouquié, revêtue de sa parure rougeâtre fauve, prend la pose devant l'objectif. Ses deux taches sombres, l'une près de la queue et l'autre derrière la tête à proximité de la nageoire pectorale, rehaussent sa beauté et lui confèrent un charme rappelant celui des poissons tropicaux. Le voisin de notre protagoniste, le Serran chèvre, semble envieux de son succès. Il aspire également à être immortalisé et vient à notre rencontre. Cependant, une fois qu'il attire notre attention, il devient subitement timide et cherche refuge parmi les branches d'une Gorgone pourpre.

Chrystelle par signes attire notre attention. Nous la rejoignons et parvenons bientôt à une petite plage de sable blanc, entourée d'un relief bas qui lui donne l'apparence d'une arène. En face de nous, complètement sorti de sa cachette, un Homard nous observe tel un taureau face au matador. Nous profitons de cette occasion pour mettre à l'épreuve notre idée d'utiliser une perche à l'extrémité de laquelle est fixée la caméra à 360 degrés. Cela nous permet de présenter l'appareil au Homard tout en restant à une distance sûre. Cette décision s'avère judicieuse, car le crustacé, d'un bond rapide et puissant, se précipite vers elle et tente de la saisir avec ses puissantes pinces sans succès.

Nous poursuivons notre exploration vers l'est pour atteindre le lieu où un couple de Tritons est en train de se reproduire. Les œufs orangés sont contenus dans des tubes accrochés à la roche, que la femelle nettoie régulièrement. Le couple n'est pas seul, car une Langouste, depuis le fond de sa tanière, surveille attentivement les opérations. Elle n'est pas la seule à jouer les voyeuses. Un Chapon est également présent et observe les amoureux qui s'étreignent.

Une Étoile de mer glacière déploie ses cinq bras épais étalés à plat sur la roche, son corps recouvert de piquants lui conférant un aspect robuste. Autour d'elle, quelques Gorgones pourpres et encore des Oeufs de Roussette sont visibles. Nous nous dirigeons vers le sable pour observer une Holothurie tubuleuse au repos. Son corps, tel celui de l'Étoile de mer glacière, est parsemé de protubérances. Toujours sur le sable, une Bonellie femelle étale sa trompe fourchue. Parmi les êtres inhabituels, la Bonellie se distingue par sa forme et son mode de vie, la plaçant ainsi au sommet du classement en termes d'étrangeté.

C'est ensuite un Grand cérianthe qui a élu domicile sur le sable. Partiellement enfoncé dans le sol, seul le sommet de son tube émerge à la surface, délicatement orné de filaments urticants. À la moindre menace, il se retire promptement à l'intérieur de son tube, assurant ainsi sa propre sécurité. Dans un abri qu'il a soigneusement aménagé, un Poulpe observe nos mouvements d'un œil inquisiteur. Nous nous éloignons pour rejoindre la roche et faire notre dernière rencontre en la personne d'une Murène, la bouche ouverte et l'œil vif.

Le retour vers la surface est devenu inévitable. Nous entamons notre remontée, et nous effectuons les Paliers de désaturation indispensables, accrochés au Pendeur la tête pleine d'images sous-marines.