Août 2023

Après une navigation agréable, malgré le léger clapot venant de l'ouest et préfigurant un mistral soutenu pour les jours à venir, avec une baisse substantielle de la température de l'eau, nous arrivons sur les lieux de notre plongée. Nous nous équipons et mettons en oeuvre le matériel de prise de vue. La première Palanquée étant prête, le bateau manoeuvre pour la déposer précisément à l'aplomb du point de départ. Un "Go" sonore et voilà deux terriens qui se transforment en "merriens" d'une simple bascule arrière.

La descente est rapide et l'eau sombre. Nous arrivons sur une vaste plaine sableuse, recouverte par endroit d'une végétation courte et drue qui s'étend tout autour de nous jusqu'à la limite où le regard peut porter. Une Ophiure détale devant nous. Pour la reconnaitre, imaginez un disque central plat, de 25 millimètres environ, équipé de cinq bras grêles longs, souples comme des fouets et épineux qui s'agitent en rythme afin d'assurer le déplacement plus ou moins chaotique de l'animal. La nature est vraiment inventive.

Suivons cet étrange organisme et voyons où cela va nous mener. En quelques instants nous arrivons à côté d'un Oursin lance rouge qui a comme voisin une Étoile de mer rouge commune. Cet oursin est très particulier avec son petit corps rond et ses longs et épais piquants clairsemés ressemblants à des lances sur lesquels des anneaux de couleur claire sont dessinés. Continuons notre route toujours en suivant notre guide l'Ophiure.

Elle nous conduit droit sur une Vive qui, à notre approche s'enfouit prestement dans le sable grossier en tortillant vigoureusement son corps en tous sens. En quelques instants, il ne reste plus d'elle que deux gros yeux ronds et furibonds qui émergent du substrat. Laissons-la et continuons à suivre notre infatigable guide à cinq bras qui maintenant nous entraine en direction d'un Oursin diadème.

Ce très très beau spécimen, dont les piquants s'agitant en tous sens doivent dépasser les dix centimètres, se déplace sur le fond à l'aide de ses très nombreux pieds ambulacraires ou podia terminé par des ventouses de couleur fuchsia du plus bel effet. Il est, pour l'instant, le seul oursin-diadème présent en Méditerranée. Toujours en suivant notre amie , l'Ophiure, nous arrivons près d'une Plume de mer ou Pennatule.

Solidement plantée dans le sable, elle ressemble à une belle plume d'oie posée dans son encrier. Elle déploie perpendiculairement au léger courant ses bras munis de polypes qui sont chargés de capturer et d'assimiler la nourriture. À sa base, des Oursins granuleux se sont regroupés. Ils agitent leurs piquants aux extrémités blanches comme pour donner un signal on ne sait à qui.

Décidément, notre Ophiure est en pleine forme, car à peine arrivée, la voilà qui repart en direction d'une autre Plume de mer. Celle-ci a extrait son pied en forme de bulbe et est couchée sur le flanc attendant que le courant augmente afin de se laisser rouler vers d'autres cieux. Un petit relief nous attire. Nous prenons sa direction pour découvrir quelques oursins diadème devant lesquels un Macropode se donne en spectacle.

Au loin, un Poulpe s'enfuit en direction d'un Spirographe dont le tube est entièrement colonisé par une sorte d'éponge. Nous prenons la décision de remonter, car nous avons atteint le temps limite que nous nous étions fixé avant de partir. Le Parachute prend son envol en direction de la surface. Nous remontons lentement pour atteindre notre premier Palier. Quelques instants plus tard, le Pendeur fait son apparition. Nous nous y accrochons et commençons notre désaturation.