La plupart des poissons utilisent les cinq sens pour appréhender leur environnement : la vue, l’ouïe, le toucher, l’odorat et le goût ainsi qu'un sixième sens, la ligne latérale. Ces sens, chacun adapté à l'environnement aquatique, offrent aux poissons une compréhension riche et détaillée de leur monde sous-marin.
Dans cet article, nous explorerons successivement le sens auditif, le sens olfactif, le sens gustatif et enfin le sens tactile des poissons.
Les otolithes (du grec, pierres d'oreille) sont présents dans la tête de tous les poissons sauf les requins, les raies et les lamproies.
Ils ne sont pas sourds ! Les poissons utilisent des structures à l'intérieur de leur tête, appelées otolithes, au nombre de trois (Sagittae, Asterisci, Lapilli), situées dans leur oreille interne, pour détecter les vibrations et les sons. Les otolithes sont de petites formations calcaires qui bougent en réponse aux ondes sonores, aidant ainsi les poissons à distinguer différents types de sons. Contrairement aux mammifères, les poissons peuvent également utiliser leur vessie natatoire comme une sorte de résonateur pour amplifier les sons.[1]
La mer Méditerranée offre un environnement sonore riche et varié. Les poissons de cette région doivent s'adapter à un mélange de sons naturels et anthropiques (sons produits par l'être humain). Les sons naturels incluent les vagues, les courants marins et les communications d'autres animaux marins. Parmi ces derniers, les dauphins et certaines espèces de poissons émettent des clics et des sifflements utilisés pour la navigation et la chasse.
Les poissons comme les rascasses ou les girelles, utilisent leur ouïe pour différentes raisons, notamment pour localiser leurs proies, éviter les prédateurs et interagir socialement. Les sons jouent un rôle clé dans les comportements de reproduction, comme le chant nuptial chez certaines espèces.
L'eau, excellent conducteur de substances chimiques, permet aux poissons de créer un réseau d'informations à distance. Ce système fonctionne efficacement, indépendamment de la luminosité ou de la turbidité de l'environnement.
Les poissons possèdent un système olfactif très développé, souvent comparé à celui des mammifères terrestres. Leur nez, ou plus précisément les narines, est composé de paires de narines situées sur le museau, chaque narine comportant une entrée et une sortie permettant à l'eau de circuler continuellement sur les épithéliums olfactifs. Ces tissus spécialisés contiennent des cellules réceptrices olfactives capables de détecter des molécules chimiques dissoutes dans l'eau.[2]
Ces cellules réceptrices envoient des signaux électriques au cerveau via le bulbe olfactif, permettant au poisson de distinguer une vaste gamme de composés chimiques, allant des phéromones aux substances émises par leurs proies ou prédateurs.
L'odorat permet aux poissons de détecter la présence de prédateurs. Par exemple, les sardines et les anchois réagissent aux phéromones de stress libérées par leurs congénères attaqués, ce qui déclenche des comportements de fuite en banc.
La communication chimique joue un rôle primordial dans la reproduction. Les poissons émettent et détectent des phéromones sexuelles qui aident à synchroniser les rencontres et les accouplements. Les phéromones peuvent également indiquer la maturité sexuelle et la condition physique des partenaires potentiels.
Des papilles gustatives en grand nombre dans la bouche mais aussi sur la peau ou les nageoires.
Contrairement aux humains, les poissons possèdent des papilles gustatives non seulement dans leur bouche, mais aussi sur leurs lèvres, leur langue, leur palais, leur gorge et même sur certaines parties externes de leur corps, comme les nageoires et la peau. Ces papilles leur permettent de détecter des substances chimiques dans l'eau, offrant une perception gustative détaillée et étendue.[3]
Les poissons détectent les goûts sucré, salé, acide et amer, tout comme les humains, mais ils sont également sensibles à d'autres composés spécifiques présents dans leur environnement aquatique. Cette sensibilité les aide à identifier la comestibilité des substances, à détecter les proies et à éviter les substances nocives.
Le mérou brun, un prédateur emblématique des fonds rocheux méditerranéens, utilise ses papilles gustatives pour détecter et capturer ses proies, notamment les crustacés et les petits poissons, en analysant les signaux chimiques qu'ils émettent.
Les poissons herbivores, comme la saupe, utilisent leur goût pour choisir les algues et les plantes marines les plus nutritives, évitant les espèces toxiques ou indigestes. Les signaux gustatifs jouent également un rôle dans la reconnaissance des proies parasitées ou malades, permettant aux poissons de maintenir une alimentation saine.
Une multitude de capteurs sensoriels recouvre le corps des poissons
Les récepteurs tactiles sont présents sur la peau, les nageoires et les barbillons (appendices sensoriels présents chez certaines espèces, comme les rouget-barbet). Ces récepteurs permettent aux poissons de percevoir des contacts directs avec des objets ou d'autres organismes.[4]
Les poissons utilisent leur système tactile pour naviguer dans des environnements encombrés, détecter des proies cachées et éviter les obstacles.
Les girelles utilisent des contacts corporels pour établir des hiérarchies sociales et pour les comportements de toilettage mutuel. Ces interactions tactiles aident à renforcer les liens sociaux et à maintenir la cohésion du groupe.
Pendant la reproduction, de nombreuses espèces de poissons méditerranéens utilisent des stimuli tactiles pour courtiser leurs partenaires et synchroniser le frai. Les comportements de parade nuptiale impliquent souvent des contacts délicats et des frottements, qui servent de signaux pour déclencher des réponses reproductrices.
Les sardines et les anchois, vivent souvent en bancs serrés pour se protéger des prédateurs. Le toucher est crucial pour maintenir la formation du groupe et coordonner les mouvements.
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Bien que les sens des poissons et des humains soient adaptés à des environnements très différents, ils révèlent une étonnante convergence dans leur complexité et leur spécialisation. Les poissons, tout comme les humains, possèdent des systèmes sensoriels sophistiqués pour percevoir et interpréter leur environnement. Leur ouïe détecte les vibrations et les sons sous-marins, semblable à notre capacité à entendre dans l'air. Leur sens de l'odorat, extrêmement développé, leur permet de détecter des substances chimiques dissoutes, tout comme notre propre sens de l'odorat nous aide à identifier les odeurs. La gustation, largement étendue sur leurs corps, est comparable à notre propre expérience de goût. Enfin, leur sens tactile, qui leur permet de percevoir les variations dans leur milieu aquatique, est analogue à notre sens du toucher.
Ces similitudes montrent comment, malgré les différences évidentes entre l'eau et l'air, les besoins fondamentaux de perception et d'interaction avec l'environnement ont conduit à des développements sensoriels parallèles dans le règne animal.
Cette comparaison nous rappelle à quel point tous les êtres vivants, qu'ils nagent dans les océans ou marchent sur la terre ferme, sont interconnectés par les principes universels de la perception sensorielle.
1 - L'OUÏE
Popper, A. N., & Fay, R. R. (2011). Rethinking sound detection by fishes. *Hearing Research*, 273(1-2), 25-36.
Ladich, F., & Fay, R. R. (2013). Auditory evoked potential audiometry in fish. *Reviews in Fish Biology and Fisheries*, 23(3), 317-364.
Buscaino, G., Filiciotto, F., Buffa, G., Bellante, A., Stefano, V. D., Assenza, A., ... & Mazzola, S. (2010). Impact of an acoustic stimulus on the motility and blood parameters of European sea bass (*Dicentrarchus labrax L.*) and gilthead sea bream (*Sparus aurata L.*). *Marine Environmental Research*, 69(3), 136-142.
2 - L'ODORAT
Hara, T. J. (1994). Olfaction and gustation in fish: an overview. *Acta Physiologica Scandinavica*, 152(S621), 1-13.
Døving, K. B., & Stabell, O. B. (2003). Trails in open waters: sensory cues in salmon migration. *Fish and Fisheries*, 4(3), 231-252.
Tierney, K. B., & Baldwin, D. H. (2011). Olfactory toxicity in fishes. *Aquatic Toxicology*, 101(1), 1-13.
3 - LE GOÛT
Kasumyan, A. O., & Døving, K. B. (2003). Taste preferences in fishes. *Fish and Fisheries*, 4(4), 289-347.
4 - LE TOUCHER
Bleckmann, H. (2008). Peripheral and central processing of lateral line information. *Journal of Comparative Physiology A*, 194(2), 145-158.
Coombs, S., & Montgomery, J. (1999). The enigmatic lateral line system. *Environmental Biology of Fishes*, 56(1-2), 1-2.
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