Un violent courant nous déporte lors de notre descente à l'arrière de l'épave du Grec, sur le sable. En rasant le fond, nous luttons contre le courant afin de rejoindre "le Grec". Attention à l'essoufflement ! Heureusement, nous avons une bonne condition physique et le coup de palme vigoureux.
Une fois à l'abri de la tôle, la plongée peut réellement commencer. Nous remontons lentement le long de la coque sur laquelle les Gorgones ont élu domicile.
À la hauteur des coursives, le courant se fait de nouveau sentir. Les poissons font face au flux luttant pour rester sur place. Une épaisse couche de concrétions recouvre la moindre parcelle de métal. À certains endroits, les concrétions hébergent des algues ressemblant à une chevelure qui flotte dans le vent.
En nous aidant de nos mains pour nous déplacer, nous nous mettons à l'abri dans l'épave. Au-dessus de nous, les bossoirs, vides de toutes les embarcations de secours, pointent vers la surface dans un bleu laiteux. Un nuage d'Anthias habille le pont. Soudain, surgi de nulle part, un Mérou file devant nous. Plus loin, dans une déchirure de la coque un Congre nous regarde.
Nous remontons vers les paliers. À trois mètres, une méduse nous accompagne. Accrochés à notre parachute, nous dérivons dans le courant protégé par le bateau d'assistance.
Le Congre est un poisson serpentiforme dont la taille peut atteindre deux à trois mètres pour les plus gros spécimens. Il a des lèvres pulpeuses et une grande bouche. Ses yeux, sans paupières, regardent fixement le plongeur de manière inquiétante. Sa peau, recouverte d'un épais mucus de protection, est de couleur gris-bleu foncé sur le dessus est blanche sur le ventre porte souvent des griffures blanches et des traces diverses dus à son activité de chasseur.
Il vit dans des anfractuosités étroites capables d'accueillir son corps cylindrique comme les épaves, les failles dans les rochers...). Il n'est pas rare de le trouver en compagnie de la murène ou avec un autre de ses congénères. Il est très casanier le jour, mais la nuit venue, il se transforme en un terrible prédateur de mollusques, de crustacés, de céphalopodes... Il est aussi nécrophage et participe, à ce titre, au nettoyage des fonds. Fréquemment, des crevettes, en bons soldats nettoyeurs, le débarrassent des déchets restés sur ses dents ou sur sa peau. En contrepartie, elles se sustentent de ses restes de nourriture.
Sa nage est lente, mais d'un seul battement de queue, il est capable de saisir sa proie. Ses puissantes mâchoires lui permettent alors de casser la carapace des homards ou des crabes et même d'arracher les tentacules des poulpes.
Il se reproduit une seule fois dans sa vie, en été, après une longue migration vers le large. La femelle peut pondre jusqu'à 8 millions d'œufs. Une fois fertilisé, l'œuf se transforme en une larve appelée, excusez-nous du peu, leptocéphale.
Construit en 1912 par les chantiers navals Dundee SB ltd, le Sagona était un petit cargo de 54 m de long et de 8,5 m de large jaugeant 808 tonnes. Il disposait d'une machine à vapeur de 98 ch. Sa vitesse de pointe était de 11 nœuds.
Immatriculé à Londres, il est transféré à Saint-Jean de Terre-Neuve où il est intégré dans un service de caboteurs relié au réseau ferroviaire de l'île. Il changera de propriétaire et de fonctions plusieurs fois au cours de sa paisible carrière. Il a notamment été utilisé pour des campagnes de chasse au phoque de printemps en 1923. En 1941, il est vendu à la Colliford Clarke Company de Londres puis à une société grecque, la Zaratti S.S. Co, basée à Panama.
Son surnom "Le Grec" vient du fait qu'au moment du naufrage, l'équipage et les papiers du navire étaient de cette nationalité.
Naufrage
Le 3 décembre 1945, chargé de vin, comme le Donator, le Sagona se présente entre les îles de Port-Cros et de Porquerolles. Le mistral est fort et le navire longe la côte sud de l'île de Porquerolles. La zone n'est pas complètement dégagée des mines de la dernière guerre. Il heurte une mine du côté bâbord et coule immédiatement, tuant deux hommes et faisant un disparu. Le reste de l'équipage est pris en charge par les bateaux qui viennent à leur secours.
Cette épave très fréquentée en été est coupée en deux, l'avant étant situé sur le côté bâbord, loin de l'arrière. Il y a souvent un courant violent...
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