Pour aborder, sous un autre angle, la découverte de cette épave, nous décidons de descendre dans le bleu sur l'avant puis de finir la plongée sur l'arrière. La distance entre les deux morceaux est d'environ 50 mètres. À peine sur les lieux, nous basculons tous les trois et amorçons notre descente vers l'avant.
Contrairement à l'arrière qui est posé sur le fond, droit sur sa quille, l'avant du Grec est couché sur son flanc bâbord. Un mât de charge est posé sur le fond de sable. Nous commençons à peine la plongée qu'une Mostelle fait son entrée en scène, tapie sous un rehaut de tôle. En remontant dans la cassure, un très gros Mérou, dos tourné, flotte tel un ludion, entouré de petites Gorgones. À notre approche, il opère une savante manœuvre pour aller se réfugier dans une déchirure de métal. Comme un ballet bien réglé, un autre Mérou, plus petit, fait son apparition en sens inverse.
Après avoir fait le tour de l'avant, nous nous rapprochons du mât. Celui-ci, comme le reste de l'avant, est recouvert d'une épaisse couche de concrétions. Pour rejoindre l'arrière, sans se perdre, il suffit de laisser dans son dos le mât. Nous entamons le parcours sur le sable en direction de l'arrière. Bien des plongeurs n'aiment pas la plongée sur le sable. C'est bien dommage, car il y a une vie assez exubérante sur ce substrat.
Nous rencontrons, tel un inventaire à la Prévert, un Spirographe, un Sar commun, un Serran chèvre, une étoile de mer puis une Bonellie dès les premiers mètres. Plus loin, presque arrivé à destination, je sens que l'une de mes compagnes de plongée me tire par la palme. Je me retourne et là, Siu-Kwan me montre, posée sur le sol, totalement immobile au milieu d'une végétation rase, une énorme Baudroie de plus d'un mètre de long. Contrairement à une plongée précédente sur le Cap d'Armes , celle-ci est bien vivante et pas réduite à l'état de squelette. Elle est tellement bien camouflée que je l'ai survolée sans la voir. Après avoir immortalisé l'instant, nous rejoignons l'arrière de l'épave.
Comme souvent sur les épaves, un nuage d'Anthias nous accueille. Nous remontons lentement vers le pont. Une petite Sériole a manifestement le béguin pour Chrystele. Le temps qui nous est imparti est atteint et nous décidons d'amorcer notre remontée.
D'aucuns vous diront que les paliers c'est long, c'est ennuyeux. Pour nous, même en hiver, lorsque l'eau est froide, c'est une transition qui, en dehors de la nécessité physiologique, permet de se remémorer la plongée afin de bien la mémoriser, mais aussi un temps transitoire pour revenir dans notre monde terrestre. Enfin, il est des rencontres que nous ne faisons que pendant les paliers par exemple les êtres planctoniques. Toujours accrochés à notre parachute, vers la fin du palier, nous voyons arriver vers nous une magnifique Leucothéa.
La Baudroie par son aspect repoussant n'est pas très présentable sur l'étal du poissonnier. Elle est donc souvent appelée queue de lottes et présentée sans sa tête.
Elle possède une gueule impressionnante avec des dents pointues et acérées, sa tête constitue environ 60 % de son poids. Elle a les yeux positionnés sur le dessus de la tête, des lambeaux cutanés découpés comme des algues sur l'ensemble du corps. Un filament situé devant ses yeux lui sert de canne à pêche pour attirer ses proies.
C’est un très mauvais nageur qui vit souvent immobile sur un fond sableux de graviers ou de vase entre 20 à 1000 mètres de profondeur.
Redoutables carnassiers, elle se nourrit de tacaud, merlan bleu, chinchard, morue... et toute proie qui ose passer à sa portée.
Les plus grands individus, vers l’âge de 20 ans, peuvent atteindre une taille de deux mètres et un poids de 45 kg.
Les plongeurs peuvent passer dessus sans la voir, car ce sont des poissons très doués pour le camouflage.
La période de reproduction se situe entre le printemps et le milieu de l’été, les œufs sont relâchés dans un long ruban gélatineux violet qui peut atteindre neuf mètres de long et un mètre de large.
Construit en 1912 par les chantiers navals Dundee SB ltd, le Sagona était un petit cargo de 54 m de long et de 8,5 m de large jaugeant 808 tonnes. Il disposait d'une machine à vapeur de 98 ch. Sa vitesse de pointe était de 11 nœuds.
Immatriculé à Londres, il est transféré à Saint-Jean de Terre-Neuve où il est intégré dans un service de caboteurs relié au réseau ferroviaire de l'île. Il changera de propriétaire et de fonctions plusieurs fois au cours de sa paisible carrière. Il a notamment été utilisé pour des campagnes de chasse au phoque de printemps en 1923. En 1941, il est vendu à la Colliford Clarke Company de Londres puis à une société grecque, la Zaratti S.S. Co, basée à Panama.
Son surnom "Le Grec" vient du fait qu'au moment du naufrage, l'équipage et les papiers du navire étaient de cette nationalité.
Naufrage
Le 3 décembre 1945, chargé de vin, comme le Donator, le Sagona se présente entre les îles de Port-Cros et de Porquerolles. Le mistral est fort et le navire longe la côte sud de l'île de Porquerolles. La zone n'est pas complètement dégagée des mines de la dernière guerre. Il heurte une mine du côté bâbord et coule immédiatement, tuant deux hommes et faisant un disparu. Le reste de l'équipage est pris en charge par les bateaux qui viennent à leur secours.
L'avant du Grec, bien que plus petit que l'arrière, est aussi intéressant en plongée. Les poissons moins visités sont plus calmes. La traversée sur le sable entre les deux morceaux peut révéler bien des surprises...
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