Lorsque nous arrivons sur site du naufrage du Marcel, un autre bateau avec des plongeurs est déjà là. Dommage pour les prises de vues, il y aura forcément des particules en suspensions et les poissons seront plus méfiants.
Nous nous équipons, le temps que la dernière palanquée du bateau précédent remonte puis, nous basculons, Claire, Siu-Kwan et moi. La descente s'effectue le long d'un "bout" qui relie l'épave à une bouée de surface. C'est agréable cette sensation de voler dans l'eau surtout quand le fond commence à se matérialiser dans le masque.
1895 ! L'épave a bien souffert depuis son terrible naufrage. Du coup, ce n'est pas la plus belle des épaves des îles d'Hyères, loin de là. Il ne reste plus que le fond de la coque, recouvert par les concrétions rases, mais pas de plantureuses Gorgones en vue. Seule l'étrave se dresse encore. Nous nous déplaçons au ras du sable à la recherche de la faune locale. Après une première rencontre avec une Girelle, dans un trou sous la tôle, un beau Congre nous observe, curieux. Il a réussi à aménager son antre de telle sorte qu'il est inatteignable. Nous progressons vers l'arrière en longeant des morceaux de coque à la recherche d'un Homard. Nous finissons par le trouver enfoncé très loin sous la coque. Malheureusement, un rideau de particules nous sépare.
Quelques Castagnoles, un ou deux Serrans chèvres puis, un très petit Chapon sont visible de-ci de-là. À côté d'un Grand Cérianthe dans son tube de mucus, une belle Mostelle prend la pose légèrement inquiète par notre présence. Elle a une énorme cicatrice, preuve de la violence des fonds marins. Quelques petites Langoustes plus loin, voilà, alignés comme à la parade, têtes vers l'extérieur, des Rougets-barbets. Comme sur le Maroupa , ils sont posés sur un support légèrement plus haut que le fond. À notre approche, ils décollent lourdement pour revenir à leur position de départ dès que nous nous éloignons.
Pour finir cette plongée, un petit travelling sur la proue puis, nous remontons lentement vers notre palier.
La sympathique Castagnole est un poisson qui vit en banc entre la surface et 50 m de profondeur. On la rencontre dans des zones riches en anfractuosités sur les herbiers de posidonies et aussi sur les épaves. Sa nourriture de prédilection est composée de zooplanctons, d’oeufs de poissons, mais aussi de petits animaux planctoniques et benthiques (qui vivent sur le fond ou près du fond) comme les crustacés, les éponges, etc...
En été, la castagnole est diurne, et vit près de la surface. En hiver, elle évolue dans les eaux plus profondes où la température ne descend pas au-dessous de 12 ou 13 °C. L’adulte est habillé d'une robe de couleur gris foncé à gris vert. Sa nageoire dorsale, anale et caudale est noire et bleutée. Les juvéniles, arborent une couleur bleu cobalt, très "flashy".
Durant la période de reproduction, de juin à août, les mâles délimitent une aire de ponte et invitent les femelles à déposer leurs œufs. La femelle demeure environ 3 jours près des œufs fécondés, puis ce sont les mâles qui prennent le relai et assurent les soins pendant une semaine, après quoi, le mâle délaisse sa progéniture.
Ce petit cargo en fer, de 42 mètres de long pour 6,71 de large et 289 tonneaux, construit en 1859, a changé de nom plusieurs fois. Son premier nom fut le "Jose y San Augustin" puis il devint le "Santiga" sous pavillon anglais et termina sa carrière sous pavillon français sous le nom de "Marcel". Il assurait, sous ce nom, le cabotage entre Nice et Port-Vendres. Les "lignes côtières de la Méditerranée", société créée en 1894 à Marseille, fut son dernier propriétaire.
Naufrage
Le 28 octobre 1895, en route vers Nice, le Marcel, chargé de marchandises navigue tranquillement. Vers 23h, alors que la nuit est claire, il est éperonné, en son flanc, par la Durance. Le choc est terrible. Le capitaine de la Durance fait alors pivoter son bateau pour le mettre bord à bord avec le Marcel. L'équipage de 11 hommes et les 2 passagers du Marcel sautent à bord de la Durance juste à temps. Le Marcel, totalement éventré, coule alors très rapidement. Le capitaine de la Durance prit alors la décision de rejoindre Port-Pothuau, aux Salins d'Hyères, pour débarquer les rescapés et réparer ses propres avaries.
LE MARCEL
Le Marcel repose sur un fond de sable, sur sa quille, depuis la terrible nuit du 28 octobre 1895. Cette plongée nous fait revivre une fortune de mer au temps où les bateaux n'avaient ni radar ni GPS...
