Le coralligène est souvent décrit comme la "forêt tropicale" de la Méditerranée, une métaphore qui capture parfaitement son incroyable richesse et sa diversité. Ce biotope, unique au monde, est une invitation à l’émerveillement pour les plongeurs et les amoureux de la mer. Sous la surface bleue des eaux méditerranéennes, il déploie un paysage spectaculaire, où chaque recoin abrite une vie exubérante et des interactions complexes.
Plonger sur un site coralligène, c’est pénétrer un univers où les reliefs rocheux sculptés par le temps et la vie sont habillés d’une palette de couleurs éclatantes. Le rouge profond des gorgones, l’orange lumineux des éponges, et le jaune vif forment un tableau vivant, mis en lumière par les rayons du soleil qui pénètrent timidement les eaux claires. Cet écosystème sous-marin unique est un véritable chef-d’œuvre vivant, alliant esthétique et complexité. Mais qu’est-ce que le coralligène, et comment fonctionne-t-il ? Découvrons ensemble ce monde enchanteur, étape par étape.
Dans cet article, nous explorerons successivement : Architecture vivante. Collaboration entre espèces. Paroi ou plateau. Construction en zone délimitée. Les couleurs de la vie. Les bons gestes. Un milieu important.
Mésophylle lichénoïde se développe entre 30 et 70 mètres de profondeur
Le coralligène est une formation sous-marine créée par des algues calcaires, appelées algues corallinacées, qui se développent lentement en produisant du carbonate de calcium. Ce processus donne naissance à des structures solides, semblables à des récifs rocheux, qui servent de fondations pour une biodiversité exubérante.
Au fil des décennies, cette base se transforme en un habitat complexe, accueillant coraux, bryozoaires, et mollusques.
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La construction du coralligène commence sur des substrats rocheux ou sédimentaires stables.
Les algues rouges calcaires, capables de précipiter le carbonate de calcium (CaCO₃), s'installent en premier.
Ces algues, comme Lithothamnion, créent une fine croûte calcifiée qui sert de base.
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Au fil du temps, d'autres organismes s'installent et contribuent à l'épaississement de la structure.
- Des bryozoaires
- Des éponges calcaires
- Des coraux mous
- Des bivalves comme les lithophages, qui creusent des galeries dans le substrat.
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Les squelettes calcaires des organismes morts s'accumulent et se cimentent grâce à l'action des algues rouges et des bactéries.
Cela forme une matrice complexe où coexistent des espaces durs, des crevasses et des cavités.
Quelques espèces vivants dans le coralligène
Une fois la structure bien établie, elle devient un habitat pour une multitude d’espèces. Poissons, crustacés, échinodermes, et vers marins s’y installent, contribuant à la biodiversité exceptionnelle de cet écosystème.
La collaboration entre les espèces crée un écosystème stable, mais dynamique, où les interactions sont nombreuses :
• Les crevettes nettoient les poissons qui viennent se réfugier dans les recoins.
• Les petits organismes s’abritent dans les cavités formées par la roche vivante.
• Les éponges filtrent l’eau environnante, contribuant à maintenir l’équilibre biologique.
Construction en paroi ou en plateau
Les paysages coralligènes se divisent en deux types principaux :
• Le coralligène en paroi
Formé sur des parois verticales, il offre un habitat spectaculaire et dense, où se développent des gorgones et des grandes éponges.
• Le coralligène en plateau
Plus horizontal, il est souvent le refuge d’espèces discrètes comme les nudibranches et les petites étoiles de mer.
Zone de construction
Le coralligène est une structure bioconstruite complexe qui se développe essentiellement dans la zone infralittorale et circalittorale, entre 40 et 90 mètres de profondeur mais en fonction de la turbidité de l'eau cette zone peut s'étendre de 20 et 120 mètres de profondeur.
Des paysages oniriques
Au-delà de sa biodiversité, le coralligène façonne de véritables paysages sous-marins. Ces formations ressemblent à des cathédrales naturelles, où la lumière joue avec les reliefs et les couleurs. Les tombants abrupts et les plateaux étendus offrent des habitats diversifiés, attirant une faune adaptée à chaque recoin.
En pénétrant un site coralligène, le plongeur est immédiatement frappé par la palette de couleurs qui orne ces reliefs sous-marins :
• Le rouge éclatant des gorgones.
• Le jaune vif des éponges.
• Les tons roses des algues calcaires.
• Les blancs nacrés des madréporaires.
Chaque recoin regorge de vie : des poissons curieux comme les anthias et les sars, des crustacés tels que les langoustes, et des invertébrés étonnants comme les nudibranches.
Les bons comportements
Observer un site coralligène est une expérience magique, mais elle nécessite un respect absolu car il croît lentement, à un rythme estimé entre 0,01 et 1 mm par an, ce qui le rend particulièrement vulnérable aux perturbations.
Voici quelques règles d’or pour préserver ce fragile écosystème :
• Maîtriser sa flottabilité pour éviter tout contact accidentel avec les gorgones ou éponges.
• Ne pas toucher les organismes, même s’ils semblent solides.
• Observer à distance, en utilisant une lampe pour mieux apprécier les détails sans déranger.
• Éviter tout prélèvement, même minime, pour ne pas perturber cet équilibre délicat.
Au-delà de sa beauté, le coralligène joue un rôle essentiel :
• Abri et refuge pour de nombreuses espèces.
• Filtre naturel : les éponges et coraux contribuent à la qualité de l’eau.
• Source de nourriture pour les poissons et invertébrés.
En tant que plongeurs ou simples amoureux de la nature, admirer le coralligène, c’est comprendre l’importance des interactions qui l’animent.
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Le coralligène de Méditerranée est bien plus qu’un simple paysage sous-marin : c’est un monde à part, vivant, complexe et spectaculaire. Plonger parmi ces reliefs, c’est entrer dans un univers d’interactions millénaires, où chaque organisme joue un rôle. Pour les néophytes comme pour les plongeurs chevronnés, il offre une occasion unique d’apprendre, de s’émerveiller et, surtout, de respecter un écosystème précieux.
- Ballesteros, E. (2006). Mediterranean Coralligenous Assemblages. Biodiversity Journal.
- Gili, J.M., & Ros, J.D. (1985). Benthic ecosystems of the Mediterranean. Scientia Marina.
- Observations de terrain de l’équipe Dive.Explo360.
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