Après plusieurs jours de mauvais temps, nous pouvons enfin sortir. Comme la pluie et le vent n'ont pas été avares pendant quelques jours, l'eau doit être trouble avec beaucoup de particules en suspension. Dès la sortie du port, nous sommes accueillis par un clapot assez présent. Nous faisons route vers notre destination tout en bavardant pour les uns ou méditant pour les autres...
Bien, le GPS indique maintenant plus que 21 minutes avant notre destination. C'est le branle-bas de combat ! Chacun s'équipe rapidement. Le pilote nous prévient à espace de temps régulier de l'avancée du bateau. Le régime du moteur ralentit. Nous sommes fin prêts. Petit à petit l'aire du bateau diminue. Plus que 50 mètres, 30, 20, 10 et le "Go" tant attendu retentit.
Nous perçons ensemble, dans un nuage de bulles, la surface boursouflée de l'eau. La chute vers les abimes commence. Passé les premiers mètres, la vitesse s'accélère. Nous voyons les particules monter vers nous. Un coup d'oeil au partenaire de plongée pour vérifier sa présence. Nos phares sont maintenant allumés. Ils déchirent la nuit liquide sans rencontrer le moindre obstacle. Quelle sensation ! Aucun repère visuel, aucune verticale, dans ce monde en apesanteur. Les rayons lumineux accrochent enfin quelque chose. Comme sortie du néant, le Coralligène se matérialise en dessous de nous. Il baigne dans une eau bleu nuit constellée de particules blanches.
Des Gorgones peuplent le haut et les flancs de cette roche qui n'en est pas une. Le Coralligène est principalement le produit de l’accumulation d'algues calcaires encroûtantes vivant dans des conditions de luminosité réduite. Celui-ci est recouvert d'une couche de sédiment gris assez épaisse. Des cavités de toute forme et de toute taille percent le substrat. Des Oursins melon, d'une taille impressionnante, sont accrochés à la paroi. Des Anthias animent l'espace. Quelques Holoturies noires se nichent dans des recoins. Une colonie de Crevettes narval occupe une petite grotte. Nous en rencontrons assez rarement pour nous y attarder. Elles sont fascinantes. Elles possèdent leur propre réseau social ! L'information semble passer par les antennes qui se touchent. Lorsque vous présentez la main d'un côté de la colonie, vous voyez le message d'alerte passer de crevette en crevette provoquant un mouvement de recul de l'ensemble. C'est le clou de la plongée !
Nous continuons vers une surface, relativement plane, couverte par les Gorgones, les Éponges cavernicoles jaunes, les Oursins melon et quelques Salmacines. Un filet entièrement concrétionné fait maintenant partie intégrante du substrat. Des espèces y trouvent naturellement refuge.
Nous avons bien profité de notre temps au fond. Il faut à présent rejoindre la surface en n'oubliant pas de faire les nombreux et longs paliers. Nous amorçons notre remontée à regret. Plusieurs coups de palmes plus tard, en pleine eau, nous rencontrons un banc de petits poissons argentés qui garde ses distances. Nous atteignons finalement la profondeur idéale pour lancer le parachute. Celui-ci prend son envol, d'abord lentement puis au fur et à mesure de la dilatation de l'air, accélère et termine sa course effrénée en surface. Il signale au bateau notre présence. Quelques minutes plus tard, un pendeur descend vers nous.
Nous découvrons dans cette plongée une multitude surprenante de crevettes narval qui s’étalent et tapissent les parois du coralligène donnant l’impression que celui-ci bouge. Leur corps svelte, rose orangé, marqué par deux lignes longitudinales blanches est posé sur dix pattes fines rouges. Leur tête se termine par deux antennes très longues. Les mâles sont légèrement plus petits que les femelles. La crevette narval aime prendre ses quartiers assez profonds sur des fonds vaseux, sableux ou sablo-vaseux. Elle fréquente aussi les grottes sombres peu profondes dès une dizaine de mètres.
La crevette narval est un omnivore. En tant que prédateur actif, elle détecte ses proies grâce à ses antennes. C'est une opportuniste qui est aussi un charognard. Comme tous les crustacés, au cours de sa croissance, la crevette narval quitte son ancienne carapace plusieurs fois pour en endosser une nouvelle. Ce processus est appelé "mue".
Sa reproduction est mal connue. Il est probable que les sexes soient séparés dès la naissance. La reproduction a lieu entre aout et novembre. Une femelle peut porter un millier d'œufs. Les larves et les jeunes ont une vie pélagique.
L'éclosion varie entre quelques semaines et plusieurs mois en fonction de la température de l'eau. L'espérance de vie de la crevette narval est d'environ 7 ans.
Le réveil sonne ! Il fait encore nuit. Le fond de l'air est frais. Sortir de sous la couette est plus difficile à partir de l'automne. Direction le port pour une plongée qui nous apportera, ou pas, quelques bonnes surprises.
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