Une belle descente dans le bleu, en cette journée hivernale, nous fait atterrir sur un fond sablonneux grossier. Devant nous, une étendue infiniment plate, parsemée de quelques petits reliefs. Le sable clair réfléchit la lumière provenant de notre habitat terrestre. Nous entrons dans le monde du désert sous-marin. Désert ? Pas tant que cela, car une multitude d'êtres peuplent ces lieux apparemment peu propices à l'épanouissement de la vie.
Nous prenons la direction d’un premier relief lointain sur ce fond monotone. C'est un vestige d'une civilisation aujourd'hui disparue. Artefact archéologique ou pollution humaine ? Vaste question. Cassée en deux au niveau du col, cette amphore isolée est devenue à elle seule un biotope ou la vie se concentre. Elle sert maintenant de logement à une Murène. Tout autour des Bernard-l'hermite coquettement vêtus d'éponges colorées vivent leur vie sociale. Jaune, orange, c'est tout un petit monde qui tourne autour du logement de la Murène.
Plus avant dans le sable, une tache de couleur presque totalement enfouie attire notre regard. Nous nous approchons pour découvrir un rarissime Crabe honteux, qui à notre approche, jaillit littéralement du sol et fait un bond en avant dans un nuage de sédiment, pour prendre rapidement la fuite sur ses pattes graciles. Après moult zigzags, il disparait dans le lointain. Ce crabe est affublé d'un drôle de nom. Il le doit au fait que contrairement aux autres crabes qui exhibent fièrement leurs pinces en avant, lui les plaque contre son corps.
Nous poursuivons notre plongée et découvrons un rassemblement impressionnant d'Oursins granuleux. Ils se déplacent lentement sur le fond meuble en agitant leurs piquants. Petit à petit, ils se regroupent et même pour certains, arrivent à escalader leurs congénères.
Au pied d'un petit monticule, une Araignée est tapie à l'ombre d'une Gorgone blanche. Sans hésitation, elle prend ses pattes à son cou et se jette sur la caméra que Jean-Claude a posé sur le sable. Nous la suivons. Elle escalade une mini falaise verticale avec une facilité déconcertante.
Notre temps de plongée est atteint. Nous amorçons notre remontée, les yeux remplis d'images. Le pendeur fait son apparition nous permettant un palier confortable.
Bernard l’Hermite quel nom étrange pour ce petit animal qui pourtant adore vivre en société pouvant atteindre parfois plusieurs centaines d’individus. Son nom peut s'écrire avec ou sans "h". Il vit du bord de mer et jusqu’à 140 mètres de profondeur. Il affectionne les fonds sableux ou rocheux.
Il est sobrement habillé d’une carapace mais incomplète mettant son abdomen à nu ce qui le rend vulnérable. C'est pourquoi il utilise une coquille vide dans laquelle il rentre en reculons pour compléter sa tenue. Au grès de sa croissance, il en changera régulièrement.
Cette nécessité vitale entraîne un comportement social connu sous le nom de "chaîne de vacances". De nombreux Bernard l’Hermite, de taille différente, se rassemblent et partent à la recherche d’une coquille pour le plus imposant d’entre eux. Quand ils l’ont dénichée, ils se mettent à la file indienne et le plus imposant abandonne sa coquille pour prendre celle trouvée par ses congénères. Il passe l’ancienne à son voisin. Celui-ci l’enfile et laisse son ancienne maison à son voisin. Et ainsi de suite jusqu’à ce que tout le monde soit habillé.
Très social, il apprécie la compagnie. Il n'est pas rare de voir sur sa coquille une ou deux anémones. Les tentacules urticants de ces dernières lui servent de protection. En retour, elles se nourrissent des reliefs de son repas. Quand il change de coquille, il emmène ses hôtes avec lui !
Certaines fois, il promène sur son dos des éponges. Ainsi grimé, il devient moins voyant pour ses prédateurs. L'éponge de mer quant à elle est assurée de toujours trouver de la nourriture.
Il est muni de dix pattes dont 4 pour se déplacer, 4 pour se nettoyer et tenir sa coquille et 2 pour se défendre. Omnivore, il se nourrit de résidus végétaux, de vers, de mollusques et d’autres crustacés, vivants ou morts.
Pour se reproduire, le mâle n’a pas besoin de sortir de sa coquille, il possède un organe sexuel suffisamment long qui lui permet de déposer sa semence au niveau de l’orifice vaginal d’une femelle.
CARAPACES
Enfin, une belle journée hivernale nous permet de sortir dans des conditions quasi idylliques. Ciel légèrement nuageux, mer calme et température agréable. Nous allons pouvoir faire une plongée sur le sable à la découverte des êtres étranges vivants caparaçonnés sur les fonds marins.
