Depuis un certain temps, nous avons observé, régulièrement, une brume matinale devant la plage Notre-Dame, et ce été comme hiver. Avant d'aller rejoindre Neptune, nous décidons de faire un crochet pour voir ce phénomène de près. Nous visitons le lieu par une belle matinée hivernale. Après une rapide reconnaissance en apnée, effectuée par Jean-Claude, nous repartons sans rien trouver de particulier.
Nous naviguons maintenant vers notre destination. Quelques minutes plus tard, nous sautons vers les abysses. La descente dans le bleu est un moment important lors d'une plongée. Il faut penser rapidement à une multitude de choses comme : équilibrer les oreilles, envoyer de l'air dans le gilet stabilisateur et dans la combinaison étanche, surveiller son binôme, gérer la vitesse de descente et enfin se stabiliser juste au-dessus du fond sans toucher celui-ci.
La surface disparait progressivement, la lumière décroit, la pression s'exerce sur le corps. Nous sommes maintenant dans le bleu, sans aucun repère. Il n'y a plus de haut ni de bas. C'est l'apesanteur liquide. Après un certain temps, le fond se matérialise sous la forme d’une étendue sableuse à perte de vue qui réfléchit timidement la vague lueur provenant encore de la surface. Il est temps de commencer notre plongée dans cette eau sombre.
Première rencontre : une petite Roussette délicatement posée sur le sable. Jean-Claude s'approche lentement et la filme jusqu'au moment où, lassée par notre présence, elle prend la fuite. Après quelques minutes de palmage, dans le lointain, un nuage de poussière attire notre attention. Nous nous approchons pour découvrir des centaines de Bernard-l'hermite en déplacement. Ils agitent leurs petites pattes et font même des bonds en avant, par-dessus des obstacles impressionnants pour leur taille. Certains d'entre eux sont littéralement recouverts de filaments mauves ou blancs. Ils sont issus de l'anémone qui vit en association avec eux. Dès le moindre dérangement, l'anémone, expulse des filaments collants et urticants. La foule des crustacés en déplacement provoque, chose rare, l'envol d'une Commatule qui, prise de panique, plane comme elle le peut dans le faisceau de la lampe de Jean-Claude. Elle vole en agitant ses dix bras puis, épuisée, se pose au milieu du troupeau. Celui-ci continu son avance tel un rouleau compresseur vers on ne sait quelle destination peut-être à la recherche d'une coquille accueillante pour le plus gros d'entre eux. Plus loin, une Bonellie rétracte sa trompe dans un gracieux mouvement pour se mettre à l'abris.
Nous amorçons notre remontée vers la surface des images plein les yeux. Premier palier, accroché au parachute, nous attendons la venue du bateau et du pendeur. Celui-ci fait son apparition nous permettant ainsi d'être plus en sécurité.
Telle une ballerine, déplaçant gracieusement ses dix bras, la comatule prend son envol en pleine eau. Disons le tout net, ce n'est pas une excellente nageuse elle préfère nettement se déplacer par reptation. Elle ne décolle que contrainte et forcée par son environnement. Sa couleur est variable : blanc, jaune, brun, rouge. Ses bras, à l’aspect plumeux et au nombre de dix, peuvent, comme pour les étoiles de mer, repousser. Étonnamment, sa respiration se fait directement par la peau.
Elle vit entre 10 et 80 mètres sur des fonds sableux, mais pas exclusivement. Il est aussi possible de la voir dans l'herbier de posidonies, et sur des fonds rocheux couverts d'algues. Pendant la journée, sauf en cas de dérangement, il est possible de l’apercevoir repliée sur elle-même en boule.
C'est un chasseur nocturne. Elle capture de minuscules proies en suspension dans l'eau.
Il n’y a pas de différenciation externe entre le mâle et la femelle. Lors de la reproduction, le mâle libère ses gamètes. Les œufs sont conservés par la femelle jusqu’à l’éclosion.
Les larves sont entraînées en pleine eau par les courants pendants quelques heures à quelques jours, puis elles se fixent grâce à leurs tiges pendant quelques mois sur le substrat. À leurs maturités, leurs tiges rompent et les juvéniles, obtiennent la possibilité de nager librement.
Par une très belle matinée hivernale, après un détour vers une nappe de brume persistante, devant la plage Notre-Dame, nous plongeons sur un fond sableux à la rencontre d'un phénomène étrange que Jean-Claude a déjà constaté. Des centaines de Bernard-l'hermite se déplacent sur le sable en rangs serrés.
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