Cette épave, en raison de sa taille, environ 9 mètres, est vraiment réservée à une ou deux palanquées simultanément, chacune devant être constituée de 2 à 3 plongeurs maximum pour vraiment en profiter. En ce sens, elle est comparable à une épave d'avion ou le nombre restreint de plongeurs permet une plus belle visite.
Nous sautons au signal du pilote et descendons vers le fond rapidement. L'eau, dont la température culmine à 15° en surface et 13° au fond, est très sombre aujourd'hui car l'astre solaire est parti en vacances, sans nous prévenir, sûrement du côté de la Polynésie. De très nombreuses particules sont en suspension. Nous arrivons à environ 20 mètres sur le tribord avant du Maroupa. Sa silhouette noire bleutée se détache sur le fond bleu sombre de l'infini sous-marin. Devant, le sable blanc semble éclairer la scène. Quelques Castagnoles, Girelles et autres poissons argentés filent en direction des restes du Maroupa, comme si une importante réunion les y attendait.
Nous nous approchons d'une cuve, reposant en solitaire au centre de l'épave, au sommet de laquelle nous avions observé en mai
une congrégation de Rouget-barbet. Aujourd'hui, elle est déserte hormis un Congre qui a pris possession de l'intérieur. Derrière, le puissant bloc moteur est emmailloté par un filet dont les concrétions rigidifient les plis. C'est la partie la plus haute du Maroupa. Sur son côté, deux gros Congres et une belle Mostelle cohabitent. Nous palmons vers l'arrière ou nous trouvons un gros Chapon blotti confortablement dans le creux d'une membrure.
Nous passons sur le côté bâbord en quelques coups de palme tant le Maroupa est petit, 3 mètres de large environ. Une belle surprise nous attend à l'arrière bâbord ! Posé à l'envers sur le sable, juste en dessous d'un morceau de coque, entouré par une Mostelle et un gros Homard, un Triton est en train de pondre. Quelques tubes translucides contenant les oeufs orangés sont accrochés au-dessus de lui. Son épais opercule ferme complètement sa coquille. C'est la première fois que nous voyons un Triton pondre en dehors de la zone dans laquelle nous les voyons habituellement en cette saison . Nous ferons remonter cette information au parc National de Port-Cros.
Pour terminer notre plongée, nous revenons lentement, toujours sur bâbord, vers l'avant. Dans le moindre interstice de bonne taille, un Congre est présent. La remontée vers le premier palier nous permet d'embrasser d'un coup d'oeil le Maroupa dans sa totalité.
Cette épave est en réalité d'origine inconnue. Elle est dénommée le Maroupa et est supposée être le bateau de Charles Aznavour d'où son second nom l'Aznavour.
Le bateau de Charles Aznavour ?
La seule chose qu'il est possible de dire, avec certitude, est que Charles Aznavour a été pris en photo
sur un Royal Cruiser III (photo ci-dessus) de la marque Storebro
le 19 août 1967 en rade de Villefranche-sur-Mer. Il est indiqué sur le site du fabricant : "A prominent owner of Royal Cruiser III was the French songwriter Charles Aznavour, who bought a Royal Cruiser III in 1968. Unfortunately, his ship was driven from the anchorage to the rocky coast in a storm and severely damaged."
"Un éminent propriétaire du Royal Cruiser III était le chansonnier français Charles Aznavour, qui a acheté un Royal Cruiser III en 1968. Malheureusement, son navire a ripé du mouillage puis a été drossé sur une côte rocheuse dans une tempête et a été gravement endommagé."
Pour être complet, il existe une autre photo
qui montre Charles Aznavour devant l'épave d'un bateau nommé "Nouchka" le 7 aout 1972 avec comme titre : "French singer Charles Aznavour and his yacht "Nouchka" after the explosion." et comme légende : "Charles Aznavour looking at the remains of his yacht "Nouchka" after the explosion that occured on board. The french singer was onboard with his secretary Levon-Sayon and both had only few minutes to jump into the sea, 7th August 1972. (Photo by James Andanson/Sygma via Getty Images)"
"Le chanteur français Charles Aznavour et son yacht "Nouchka" après l'explosion
Charles Aznavour regarde les restes de son yacht "Nouchka" après l'explosion qui s'est produite à bord. Le chanteur français était à bord avec son secrétaire Levon-Sayon et tous deux n'ont eu que quelques minutes pour se jeter à la mer, le 7 août 1972. (Photo par James Andanson / Sygma via Getty Images)"
Il y a, en fin de compte, de très nombreuses questions sans réponse :
1 - Sur le site du constructeur, le bateau a été endommagé gravement. A-t-il été réparé ?
2 - Est-ce le même qui a explosé en 1972 ? Si oui ce n'est donc pas le Maroupa.
3 - Charles Aznavour a-t-il eu d'autres bateaux ?
Le bateau de 1967 a les caractéristiques suivantes :
Année de production 1965-1968
Longueur (m) 9.06
Largeur (m) 3.11
Tirant d'eau (m) 0.75
Hauteur au-dessus de la flottaison (m) 3.10
Déplacement (t) 3.50
Carburant (l) 2 x 200 (-1967)
2 x 300 (1967-)
Eau (l) 125
Ce qui est proche des dimensions du Maroupa.
L'épave abrite un bon nombre de Congres, Chapons, Homards, Mostelles.
Quelques restes de filets sont accrochés le long de son restant de coque. L’intérêt est le moteur et les parties métalliques. La coque a disparu, il ne reste plus que la partie enfouie dans le sable.
Retour sur une épave que nous avons visité en mai dernier par une belle journée ensoleillée. En ce jour hivernal au ciel sombre recouvrant une mer aussi grise et désespérée que lui, nous nous apprêtons à rejoindre, au milieu d'une mer de sable, un îlot de vie : Le Maroupa.
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