Épisode 1 Les filets de la passe sud
Ce matin, le temps est d'un gris sinistre. Les oiseaux marins rasent les flots. De temps en temps, leurs ailes effleurent la surface d’une caresse timide. Le bateau trace sa route imperturbablement. Une volée d'embrun tapisse le pont avant lorsque la proue fend une vague. Le temps de navigation est mis à profit pour préparer le matériel de plongée et le matériel de prise de vue. Nous arrivons enfin sur l'un des filets anti-sous-marins, de la passe sud, qui en 1939 avait pour rôle de transformer la rade de Hyères en un gigantesque mouillage pour abriter les navires de la flotte française.
Dès que nous passons sous la surface, nous amorçons une descente rapide dans le bleu. Arrivés sur le fond, nous découvrons ce qui ressemble à une décharge sauvage. Partout des bidons métalliques et à côté des mailles d'acier concrétionnées en tas plus ou moins épars. Un Mérou nous tourne le dos et s'éloigne dédaigneusement. Entre les mailles d'acier, c'est toute une population qui a élu domicile. Anthias et Serrans écriture, mais aussi Castagnoles sont voisins.
Nous passons quelques fûts et arrivons sur un nouveau monticule de mailles. D'un recoin sombre, un Congre de belle taille semble jaillir comme un diable hors de sa boite. Cela ne trouble en aucun cas les Anthias. Plus loin deux Congres sont tapis dans leur logement métallique respectif.
Soudain comme sortit du néant un Homard, toutes pinces dehors, s'avance vers une future proie. Celle-ci sous la forme d'un Chapon prend la fuite. Une belle Langouste nous observe avec intérêt. Ses antennes balayent l'espace. Elle recule légèrement après que l'une d'elles ait touché la caméra.
Entre deux fûts, une Murène hésite entre rester ou prendre la fuite. Nous nous observons mutuellement puis nous la laissons vivre sa vie.
Nous amorçons notre remontée après avoir fait le tour des différents monticules. À mi-profondeur, nous envoyons un Parachute en surface pour signaler notre présence. Le premier Palier est atteint. Nous restons là à flotter entre deux eaux.
Recherches et documentation : Bernard Pasqualini
Épisode 1 : La pose des filets anti-sous-marins
1939
La guerre est déclarée avec l'Allemagne. La marine française décide de prendre des mesures pour protéger les ports de la Méditerranée. Pour la rade de Hyères un ambitieux projet est mis en place. Il s'agit ni plus ni moins que de transformer la rade en un gigantesque mouillage pour abriter les navires de la flotte française.
Il est prévu la mise en place de filets (filets d'arrêt, filets pare-torpilles, filets à mines) pour protéger la rade.
Passe Est
Un filet d’arrêt de 8 112 mètres de la pointe de la Galère (Port-Cros) à la pointe Blanche (Bénat), avec porte de 96 mètres à 500 mètres du cap Bénat et un filet à mines de 6 550 mètres doublant à l’extérieur le filet d’arrêt avec passage de 1 800 mètres entre l’extrémité Nord et Bénat.
Passe Sud
Un filet d’arrêt de 8 800 mètres de la batterie de Gaillasson (Porquerolles) à Bagaud, avec porte de 96 mètres sur le chenal des Mèdes. La porte pour les grands vaisseaux se trouvait à l'Est de la sèche du Sarranier au dessus d'un fond d'environ 60 mètres. La porte de sortie des navires et sous-marins située dans le passage entre Porquerolles et Bagaud était actionnée par le Polyphème amarré fixement au milieu de la passe.
Le Polyphème finira sa vie comme digue au port de l’Aygade sur l’ile du Levant.
Un filet à mines en trois parties, doublant à l’extérieur le filet d’arrêt est ajouté.
Passe Ouest
Un filet d’arrêt de 1 392 mètres entre la Jaune Garde et la pointe Sud du Grand Ribaud, avec porte de 96 mètres manœuvrée par une gabare.
Mise en oeuvre
Les filets d’arrêt de la passe Est et de la passe Sud étaient en place fin avril 1939. Début septembre un filet à mines dans chacune des passes Est et Sud est mouillé. Ensuite, un filet d’arrêt dans la passe de Bagaud ainsi qu'un filet d’arrêt dans la passe Ouest, entre le Grand Ribaud et Porquerolles sont mis en place. Pour finir le dispositif, des câbles d’acier furent tendus entre le Grand Ribaud et la presqu’île de Giens.
Les mines
L’ordre d’exécuter les mouillages de mines fut donné par l’Amirauté française le 15 mai 1939.
Il existe, aux limites de la rade de Hyères, une épave qui sort de l'ordinaire. Certains en connaissent une toute petite partie non loin de la face Est de Porquerolles. Mais ce n'est qu'un fragment. Nous vous invitons à en découvrir plus dans cette vidéo.
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