"Après dissipation des brumes matinales, la journée sera tiède et ensoleillée....". La météo semble optimiste ! Au moment où nous quittons le port, le ciel est très chargé. Le soleil peine à sortir de l'horizon. Nous faisons route direction Brégançon ou une belle plongée nous attend sur des petites roches à fleur de sable. Lors de votre prochaine plongée, si l'occasion se présente, n'hésitez pas a parcourir les étendues sableuses elles sont souvent source de belle rencontre. Nous sommes seuls en mer. Le ciel nuageux, petit à petit, se déchire. Des rayons de soleil dardent vers Port-cros et Porquerolles illuminant le paysage. Après une navigation sans histoire, nous nous préparons a plonger.

Au "Go" nous sautons par-dessus bord et amorçons notre descente dans le bleu. Nous arrivons sur un fond plat constitué de sable grossier, presque du gros gravier, avec quelques reliefs allongés. Ceux-ci sont recouverts de spongiaires ou le rouge et l'orange dominent. Ça et là des Éponges rognons, grises, assurent le contraste visuel. Première rencontre avec un banc de Castagnoles qui passe au loin. Un gros Oursin granuleux trône sur le sol pas loin d'une Éponge balle. Une très belle et très fragile Dentelle de Neptune étale ses délicats pétales au milieu d'algues brunes et courtes. Une Holoturie toute vêtue de noir constellée de blanc s'étale langoureusement sur son lit de sable. Deux Ascidies noires, vivant de concert, servent de support à deux Comatules qui les caressent tendrement.

Nous abordons une étendue sableuse. Un relief lointain attire notre regard. En nous approchant, nous découvrons, encore ancrée dans le sable, verticalement, une grande Nacre morte. Sa coquille est entièrement colonisée par une végétation chevelue et dense. Des Dentelles de Neptune ont élu domicile aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur des deux valves. Des oeufs de calmar se balancent dans le courant nourricier. Elle semble prête à s'écrouler sous le poids de ses squatters.

Plus loin, sur une minuscule boursouflure sortant du sable, nous découvrons une concentration de vie étonnante. Pas un centimètre carré n'est disponible. Ce sont des Éponges rognons, des Ascidies noires, des algues encroutantes, une Holuturie noire, et d'autres êtres vivants qui se disputent l'espace en se chevauchant, se recouvrant, se dévorant. Nous continuons notre promenade et passons de sable en roches et de roches en sable au grès de notre fantaisie.

Sur le sol, isolée, une autre grande Nacre morte est couchée. Contrairement à la précédente, elle n'est recouverte que par une végétation clairsemée. Peut-être que verticalement une nacre morte est plus attirante pour les espèces sous-marines ? Le sol change soudainement d'aspect. Nous sommes maintenant sur des roches plates. Elles sont stratifiées, horizontalement, comme si le vent les avait érodées. Entre sable et roche, un espace donne à un Congre un abri. La peau de sa joue gauche est déchirée. Un lambeau de chair y est encore accroché. Sur le sable, devant le logis du congre, une énorme Éponge fétide est solidement implantée. Dans un trou, à droite du Congre, une Ascidie jaune se rétracte soudain à notre approche. Un autre congre, voisin du premier, puis ce sont d'autres Dentelles de Neptune qui font leur apparition dans le faisceau de nos lampes.

Quelle plongée ! Que de vies ! Dire "sur le sable il n'y a rien" est tout simplement faux. Amis plongeurs, nous vous conseillons de faire des plongées sur le sable afin de découvrir comme nous ce nouvel espace.