Nous profitons d'une belle fenêtre météo pour aller rendre visite au Rubis. Ce sous-marin est une épave atypique dans notre région riche en épaves de bateaux et d'avions. Lorsque nous arrivons sur place, un bateau de plongée récupère ses derniers plongeurs nous laissant ainsi le site pour nous seul. Les bouées signalant la plongée sont tirées par un fort courant de surface venant de l’est. Espérons que ce flux ne sera pas présent au fond.
Nous nous organisons en trois Palanquées de deux plongeurs. Les deux premières partiront avec un intervalle de dix minutes, la troisième quant à elle partira au retour de la première ceci afin de laisser en permanence sur le bateau une présence assurant la sécurité de surface.
Après une bascule arrière, nous amorçons, avec Siu-Kwan, notre descente le long du bout qui relie la bouée de surface au Rubis. Le courant est bien présent pendant toute la descente et finit par s'estomper au fond. Nous arrivons sur le kiosque qui est littéralement enveloppé par un banc de Sars à tête noire. Au milieu, deux Mérous, en robe grise, prennent leurs aises en compagnie d'un beau Denti.
Nous prenons la direction de l'arrière de l'épave à la hauteur du pont. Celui-ci est recouvert par une végétation verte constituée d'algues. Chaque déchirure de la coque est susceptible d'accueillir une espèce. Par exemple, dans une écoutille tubulaire, une Murène au corps serpentiforme nous observe tandis que plus loin un groupe d'Anthias a trouvé refuge dans une déchirure métallique en forme de grotte.
Nous poursuivons notre exploration vers l'arrière puis après avoir atteint l'emplacement de l'hélice, nous passons sur l'autre bord en direction de l'avant. Le gros banc de Sar à tête noire nous surplombe. Les Mérous, maintenant au nombre de quatre, paradent lentement. L'un d'entre eux est de couleur brun sombre tandis que les autres sont gris. Nous arrivons à la proue. Celle-ci est très effilée. À son sommet le coupe câble est toujours en position. Il est recouvert par les concrétions.
Le temps écoule rapidement. Nous prenons la direction du kiosque afin de rejoindre le bout qui nous accompagnera vers la surface. Nous traversons un nuage d'Anthias parmi lesquels quelques Girelles et Castagnoles évoluent. Au pied du kiosque un Mérou semble nous dire au revoir.
Nous croisons Claire et Patrick, la seconde palanquée, au moment d'amorcer notre remontée en direction du premier Palier. Un dernier regard vers le bas puis, petit à petit, le Rubis s'estompe dans le bleu comme gommé du paysage. Nous arrivons enfin au premier palier en tenant solidement le bout, car le courant est toujours très présent. Nous devons effectuer l'ensemble de nos paliers "en drapeau".
Coulé volontairement en 1958, entre Cavalaire et Saint-Tropez, le Rubis était un sous-marin mouilleur de mines sorti en 1931 de l'arsenal de Toulon.
De la classe Saphir, le Rubis mesurait 65,9 m de long, 7,1 m de large et avait un tirant d'eau de 4,3 m. En surface sa propulsion était assurée par deux moteurs diesel Normand-Vickers lui permettant d'atteindre une vitesse de 12 noeuds. En plongée son déplacement était réalisé par deux moteurs électriques d'une puissance totale de 1 100 CV pour une vitesse de 9 nœuds.
Il était armé de 3 tubes lance-torpilles de 550 mm et de 2 tubes lance-torpilles de 400 mm. En surface, il était équipé d'un canon de 75 mm, d'une mitrailleuse de 13,2 mm et de 2 mitrailleuses Hotchkiss de 8 mm.
Son activité principale était de mouiller des mines à orin sans faire surface. Arrivé sur le lieu choisi, le sous-marin larguait ses mines avec un système à air comprimé. Celles-ci, pendant le transport, étaient fixées à l’extérieur de la coque sous un revêtement hydrodynamique.
Le Rubis est d'abord affecté en 1937 à l'escadrille des sous-marins de Cherbourg. Pendant la Seconde Guerre mondiale, le Rubis est en mer Méditerranée dans le cadre de la 20e division du 6e escadron de la 4e flottille de sous-marins basé à Bizerte. Le Rubis mouille ses mines le long de la côte norvégienne au cours de la campagne de Norvège, en mai 1940. Il rallie les Forces navales françaises libres en juin 1940. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, le Rubis aura accompli 22 patrouilles opérationnelles, mouillant 683 mines et coulant des navires pour un total d'environ 21 000 tonneaux.
Il est désarmé le 4 octobre 1949 et coulé volontairement le 31 janvier 1958.
Fin septembre, début octobre le courant Ligure réchauffe toute la colonne d'eau et la charge en éléments nutritifs. C'est le moment idéal pour observer la faune et la flore qui abonde à cette période de l'année, surtout sur les épaves.
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