Nous faisons route, en direction du cap Bénat, à l'extrémité Est de notre zone de plongée habituelle. Depuis quelque temps, nous n'avons pas fait de plongée sur le sable. Le sable, d'aucuns pensent au désert et à ses dunes, mais sous l'eau, il en va tout autrement. La vie y est omniprésente sous des formes variées et colorées.
Le régime du moteur ralentit, au signal du pilote, nous passons par-dessus bord, qui en bascule arrière, qui en saut droit dans une gerbe d'écume blanche. L'eau est anormalement chaude, autour des 26 degrés. La descente commence au milieu des particules de plancton. Ce n'est que vers 20 mètres que la température commence à baisser. En quelques minutes, nous atteignons le fond sableux accueilli par un Grand Hydraire profond un peu déplumé. Nous prenons la direction d'une petite boursouflure recouverte d'algues brunes et rases sur laquelle un Gorgonocéphale a élu domicile. Il a pour voisin un petit Spirographe. Une nué d'alevins tournoie au dessus. Impossible de les identifier, ils sont vraiment trop petits.
À quelques mètres de là, une belle Ascidie noire et en compagnie d'une Éponge balle d'un beau orange. D'une anfractuosité la tête d'une petite Murène émerge. Un banc d'Anthias ajoute une belle touche de couleur à une Éponge fétide. Passant derrière une Ascidie blanche, un Serran chèvre se hâte vers une destination que lui seul connait. Le moindre relief est colonisé par toute sorte d'Éponge. Violet, brun, orange, jaune, la palette des couleurs semble infinie.
Nullement impressionnée par notre taille, une Langouste dans sa belle carapace orangée vient à notre rencontre, ses antennes balayant l'espace devant elle. Soudain surgissant de l'obscurité bleutée un Lièvre de mer passe devant nous son corps ondulant gracieusement. C'est un magnifique mollusque que nous ne croisons pas souvent. La Langouste est son prédateur principal. Le lièvre de mer a plus d’un tour dans son sac pour éviter d'être croqué. Il peut notamment produire une substance violacée et visqueuse toxique. Grâce à cet art de la diversion, notre lièvre peut détaler…
Une très belle Éponge Chaline à cheminées roses orne le sommet d'une petite protubérance. Elle couvre au moins une surface d'un mètre carré. Ses cheminées sont disposées en rangées irrégulières, évoquant, avec un peu d'imagination, une chaîne de volcans. Devant elle, à ses pieds, un buisson orange formant une colonie rigide et calcifiée : le Corne de cerf.
Sur le sable une Pennatule solitaire capte les particules en suspension dans l'eau. À côté d'elle une belle Ascidie blanche. Nous avons atteint la durée fixée avant notre départ. Nous amorçons notre remontée vers le monde des terriens. À mis chemin, le Parachute est envoyé afin que le bateau nous repère. Les premiers Paliers commencent. Nous patientons en observant des Salpes dérivant lentement. C'est ensuite une Ceinture de Vénus qui passe nous saluer et un petit banc de ce qui semble être des petits thons.
Le lièvre de mer dépasse rarement 20 cm. Son corps ovale possède une petite coquille interne transparente. Celle-ci est recouverte par les lobes allongés du manteau. Ils sont fortement bombés au milieu et effilés aux extrémités avant et arrière. C’est grâce à ce long manteau que le lièvre de mer peut se déplacer sur le fond en nageant en ondulant. Sa minuscule tête porte des tentacules olfactifs en forme d’oreille de lièvre. Ses yeux sont très petits et situés en avant. En cas d'agression, il peut propulser de l'encre sombre, toxique pour ses prédateurs. De plus son corps contient une toxine qui le protège contre l’attaque des poissons.
Il hante les fonds sableux abritant des herbiers ou des algues, mais également sur les fonds rocheux ou graveleux recouverts d’algues. Le jour, il se fixe dans une cavité rocheuse en repliant ses "parapodes", les lobes de son manteau, il ressemble alors à une grosse boule.
Herbivore, le lièvre de mer s’active surtout la nuit. Il utilise sa radula, sorte de langue munie de petites dents, avec laquelle il racle et broute la surface des plantes. Sa couleur dépend des algues qu’il consomme.
Il est hermaphrodite. Il se regroupe pour la reproduction. On le retrouve souvent accolé à d'autres dans un accouplement dit "en chapelet". Plusieurs individus s'accouplent en même temps et forment une longue chaîne. L'animal inférieur joue le rôle de la femelle et l'animal supérieur celui du mâle. Les individus intermédiaires se comportent à la fois comme des mâles et des femelles. Les œufs forment des rubans en forme de spaghetti rose orangé très facilement reconnaissables. Les larves sont ciliées, nageuses, planctoniques et se métamorphosent au bout de six semaines pour se transformer petit à petit en adultes.
Nous alternons, toute l'année, en fonction des conditions météo, les biotopes. Tantôt les secs et leurs paysages grandioses riches en couleur, tantôt les épaves mystérieuses et nimbées de poissons, tantôt le sable et sa monotonie granuleuse, tantôt les herbiers infinis de posidonies.
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