LA FORÊT DE RODRIGUEZ
L'ambiance est au beau fixe aussi bien dans le ciel que sur le bateau qui nous rapproche du lieu où nous avons observé pour la première fois la Laminaire de Rodriguez il y a déjà bien longtemps. Pourquoi ce nom pour une algue ? Hé bien c'est pour rendre hommage à un botaniste et phycologue (La phycologie est la science qui étudie les algues) espagnol, Juan Joaquín Rodriguez y Femenías. Cette algue est endémique à la méditerranée. Là où elle est présente, elle recouvre le fond de ses frondes brunes à vert olive, à la texture caoutchouteuse. D'année en année, nous constatons que la surface recouverte est de plus en plus étendue pour atteindre maintenant plus de deux cents mètres carrés avec une tendance à rechercher plus de profondeur.
C'est parti pour une nouvelle plongée sur ce site exceptionnel. L'eau salée se referme sur nous. La descente commence dans un nuage de bulles qui s'estompent progressivement. La pression aidant, la vitesse s'accélère. C'est grisant ! Nous perdons de vue la surface pour atteindre la zone intermédiaire ou les repaires habituels disparaissent complètement. Il n'y a plus que de l'eau.
Comme les oiseaux annoncent la terre au naufragé, les Anthias et les Bogues font souvent de même pour le plongeur en lui annonçant le haut des reliefs. Nous jouons à rase Gorgone au sommet avant de piquer vers le fond. Entre deux reliefs, une cuvette accueille en son sein la célèbre laminaire. Les bords de cette dépression en sont littéralement tapissés. Telle une cascade ondoyante les frondes brunâtres encerclent les Gorgones pourpres. Certaines de ces Gorgones sont légèrement nécrosées. Est-ce la présence de la laminaire ?
Les frondes (on ne dit pas les feuilles pour une algue) plates avec des bords légèrement ondulés sont posées à plat sur le substrat. Elles sont recouvertes par une multitude de petits organismes qui apportent des taches claires à ce fond sombre. Un Serran chèvre reste figé devant l'objectif comme si il prenait la pose. À quelques mètres de là, un énorme Oursin melon agite ses pédiculaires pour attirer notre attention.
Quelques Girelles aventureuses sont aussi présentes. À certains endroits les frondes se chevauchent, se redressant à la verticale. Entre deux Gorgones de taille respectable, une Salmacine, d'une blancheur spectrale, a trouvé refuge. Au-dessus d'elle, un petit Gorgonocéphale est tout replié. Devant nous, les Anthias entament un ballet nautique hasardeux. Quelques Bogues argentés passent rapidement au milieu d'eux.
Sur la roche, une Étoile de mer épineuse, certains l'appellent glacière, est à l'abri entre deux Gorgones. Un Oursin lance rouge, solitaire, est fixé sur un petit relief juste à côté. Sur le bout d'une Gorgone aux extrémités jaunes, un autre Gorgonocéphale attend le moment de déployer ses bras pour capturer sa pitance. Un Chapon fait bon ménage avec un Oursin melon, toutefois il nous regarde avec un air inquiet.
La remontée commence. Nous devons rejoindre, à la vitesse de dix mètres par minute, le premier Palier. Le Parachute entame son ascension. Nous le suivons. Premier palier. Nous en profitons pour échanger nos impressions en langage plongeur c'est-à-dire avec des signes plus ou moins éloquents. Autant dire que ce n'est pas toujours facile pour se comprendre.
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