NUITS BLANCHES
Aujourd'hui, le ciel est gris, la mer chargée en particules avec un léger courant. Dans une ambiance quasi nocturne, nous arrivons à proximité du fond après une descente soutenue et sans incident. Sous nos yeux, sortant de la pénombre, tels des ectoplasmes diaphanes, les buissons de Corail noir d'une blancheur spectrale se matérialisent au bord d'une falaise. Nous restons quelques instants à les admirer, lampes éteintes, dans la pénombre bleutée.
Le blanc immaculé des grandes colonies arborescentes du Corail noir tranche sur le pourpre des Gorgones en arrière plan. Les rameaux longs, minces et flexibles sont denses et ramifiés. La partie charnue blanche recouvre le squelette sombre tirant vers le noir. C'est une espèce rare et très localisée. Nos phares, maintenant allumés, font apparaitre les particules dérivantes dont il se nourrit.
Nous nous approchons des Gorgones pourpres qui sont ici en rangs serrés, mais en arrière du Corail noir, séparées de celui-ci par une zone vide recouverte par des éponges éparses. Quelques Anthias sont présents ainsi qu'un petit Gorgonocéphale. Un Sar à tête noire passe rapidement pressé de rentrer chez lui. Après quelques instants, nous revenons vers le Corail noir, comme aimantés par sa présence, pour observer de près sa structure et les polypes qui y vivent. Cette blancheur irréelle tranche par rapport aux couleurs habituelles des fonds méditerranéen.
Un coup d'oeil sur le manomètre, un second sur l'ordinateur pour vérifier que nous sommes en état de continuer. Nous descendons à présent le long de la falaise sur laquelle un Oursin melon est accroché. Un Anthias passe furtivement devant l'objectif de la caméra. Sur une Gorgone, juste au-dessus du pied, là où le premier embranchement commence, une Troque orange a dévoré les polypes à sa portée. Un filet, qui a connu des jours meilleurs, est suspendu le long des flancs rocheux. Il essaye de se faire pardonner sa vie antérieure en accueillant une flore variée qui année après année le recouvre irrémédiablement d'une gangue vivante. Quelques Éponges cavernicoles jaunes sont accrochées à la roche.
Accroché au pied d'une Gorgone un Botrylle cristallin, petite Ascidie, apporte une note blanche sur le fond rouge. Nous déplaçons lentement nos éclairages sur le Corail noir, à la manière d'un pinceau lumineux, pour obtenir un beau jeu d'ombres et de lumières très photogénique.
Contrôle des instruments. Là, il est temps d'amorcer notre remontée vers les Paliers. Tour d'horizon pour prévenir Siu-Kwan et Daniel. Ils sont déjà en position prêts à amorcer l'ascension. C'est un avantage que de plonger avec des partenaires aguerris. Moins de stress et plus de sécurité. Le fond s'éloigne à chaque coup de palmes. Il est temps d'envoyer le Parachute de signalisation vers la surface. Une giclée d'air plus tard, celui-ci s'envole, déroulant à sa suite le long fil fluorescent.
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