C'est une nouvelle plongée ! Nous avons eu les points par hasard en naviguant sur une immense étendue immergée et plate. Un écho au sondeur et c'est une nouvelle aventure sur un espace vierge. Nous faisons route sur une mer encore agitée par les coups de vent des jours précédents. Chaque créneau météo est bon à prendre en cette saison.
Nous passons par-dessus bord au signal du pilote. Passé la violence de l'entrée dans l'eau, c'est une délivrance. Nous ne pesons plus rien. Subitement, nous pouvons nous mouvoir dans n'importe quelle direction. Dès la submersion, le rythme respiratoire change, les préoccupations du quotidien disparaissent au profit de l'instant.
La descente dans le bleu et le second plaisir du plongeur. La sensation de pression sur le corps, la vitesse qui augmente, la couleur de l'eau qui s'assombrit puis la perte de tous les repères. Le troisième plaisir c'est lorsque, après une descente interminable, le fond, soudainement, apparait dans le faisceau puissant de nos phares de plongée.
Ici, le fond est constitué de sable grossier et de quelques patates de Coralligène. Pour couvrir un maximum de surface, nous nous mettons en ligne et palmons rapidement. La première rencontre est un Serpenton qui contrairement à l'habitude est jaune. En avançant, nous arrivons au-dessus d'un cône détritique au centre duquel, confortablement installé, vit un Poulpe. Nous continuons notre exploration et nous atteignons une amphore dans laquelle une Murène fait élection de domicile. Devant, des Bernard-l'hermite ont choisi de se revêtir avec des éponges énormes.
En continuant, nous voyons une Pennatule emportée par le courant. Elle se met en boule et se laisse rouler jusqu'à atteindre un lieu à sa convenance. Encore un cône détritique avec un autre Poulpe ! C'est étonnant, car nous n'avons jamais rencontré de Poulpe à cette profondeur et aussi proche les uns des autres. La pression des Mérous pousserait elle les Poulpes à descendre plus profonds ? Mystère.
Proche d'un Coralligène, une Langouste, intriguée par notre présence vient aux nouvelles. A quelques Pennatules de là, un autre cône détritique avec en son sein un troisième Poulpe. Nous continuons notre progression précédée par une Vive qui nous emmène vers un rassemblement d'Oursins.
La fin de notre exploration approche. Nous avons couvert une bonne distance à la palme aidée par un léger courant. Nous prenons la décision d'amorcer la remontée vers nos paliers. Ceux-ci se feront, comme d'habitude, au "pendeur" sous le bateau qui sera ralenti dans sa dérive par une ancre flottante.
Il est mignon et très timide le Serpenton avec son long nez. Il fréquente les fonds sableux ou alluvionnaires de 10 mètres à 300 mètres de profondeur.
Il sait être discret et il faut beaucoup d’attention pour l'apercevoir pendant la journée. Son corps est entièrement enterré dans le sable. Il ne laisse que sa tête avec ses pupilles noires en amande, son museau effilé et pointu hors de son habitat. Au moindre danger, le Serpenton recule et disparait entièrement dans son trou.
Habituellement de petite corpulence, il peut atteindre 2 mètres 40. Deux petits orifices respiratoires lui permettent de s’oxygéner entre les grains de sable. Son corps nu est allongé et cylindrique, de couleur généralement brun clair à reflet argenté sur les flancs.
Il se déplace rapidement en ondulant comme un serpent. C’est un carnassier sans pitié qui chasse la nuit. Les pupilles de ses yeux changent alors de forme et deviennent rondes afin de s'adapter aux conditions lumineuses différentes. Ses narines sont à l’affût de toutes les odeurs. Il se nourrit de proies adaptées à sa gueule, mais n’hésite pas à se frotter à de gros poissons plats pour obtenir son repas.
GRAND SABLONNEUX
Les soi-disant déserts de sable sous-marins regorgent de vie, mais une vie différente loin des formes et des couleurs exubérantes du coralligène. Le plongeur curieux doit prendre son courage à deux mains et s’aventurer sur ces étendues vierges que parcourent seulement quelques audacieux.
