C'est par une froide et ensoleillée matinée d'avril que nous prenons la direction du Donator. Après quelques essais sur d'autres plongées moins profondes, nous voulons tester sur une épave notre système de prise de vue en relief (stéréoscopie).
Lorsque nous arrivons sur site, il y a déjà des plongeurs, mais en fin de plongée au palier de 3 mètres. Nous nous équipons rapidement pour rejoindre cette épave grandiose. La descente se fait légèrement dans l'Est de la bouée pour compenser le courant qui est présent en surface. Nous arrivons le long de la coque au milieu des Anthias. Le temps d'une inspiration et nous voilà entourés par un banc de Sérioles. Jean-Claude met aussitôt en route le système d'enregistrement en relief pour capturer ce moment magique. Le banc évolue lentement, en cercle autour de nous.
Nous nous déplaçons au-dessus du pont vers la cassure avant en compagnie de notre escorte de Sérioles. Comme d'habitude, le Donator fourmille de vie, mais toute notre attention se focalise sur nos accompagnatrices qui sont omniprésentes. Du coup, les autres poissons, principalement des Sars à tête noire, semblent en retrait ainsi que les Anthias qui apportent cette belle note colorée rouge orange à l'ambiance générale bleuâtre. Les magnifiques Gorgones participent aussi à l'harmonie chromatique des lieux. Le faisceau des lampes semble faire jaillir le rouge pourpre qui les habille.
L'eau n'est pas claire et il y a beaucoup de particules en suspension. Un léger courant est aussi présent. Nous entrons dans l'épave par la cassure avant pour pouvoir réaliser des plans en contre-jour au travers des ouvertures de la tôle rongée par la rouille. Les ans grignotent petit à petit le bordé métallique. Le courant, qui peut ici être extrêmement violent, arrive même à la détacher des membrures.
Les Sérioles sont de plus en plus présentes et n'hésitent pas à nous frôler. Elles tournent autour de nous en cercle de plus en plus serré. Nous remontons vers le pont et les coursives envahis par les Gorgones. Jean-Claude, avec le système d'enregistrement en relief, capture des plans statiques en se mettant en scène.
Nous sommes à présent au-dessus des coursives en direction de l'arrière. Dans le bleu, c'est un véritable festival d'éclairs argentés lorsque le faisceau de la lampe heurte l'habit des Sérioles. Le spectacle est grandiose ! Nous allons surement obtenir des images en relief (stéréoscopie) impressionnantes.
Le spectacle touche à sa fin, car nous entamons notre remontée les yeux remplis d'images flamboyantes. Le parachute monte vers la surface ou le pendeur va nous permettre de faire nos paliers en toute tranquillité.
En réalité, le bon terme n'est pas "vidéo en relief", mais "vidéo stéréoscopique". La stéréoscopie est une vieille invention qui date de 1838. La stéréoscopie consiste à gruger notre cerveau en lui proposant deux images légèrement décalées afin de lui permettre de reconstituer la profondeur.
Notre cerveau reçoit par les yeux une image du monde qui nous environne. Nos yeux étant espacés, ils captent une vue légèrement différente l'une par rapport à l'autre. Notre cerveau est capable d’analyser cette légère différence et d'en déduire la profondeur.
Nous avons décidé d'adapter à la plongée cette technique pour ajouter une nouvelle dimension à nos vidéos. Nous produirons régulièrement des vidéos stéréoscopiques afin de varier votre perception du monde sous-marin.
COMMENT VISUALISER UNE VIDÉO STÉRÉOSCOPIQUE ?
Pour visualiser une vidéo stéréoscopique, il faut être, à minima, en possession d'un smartphone et d'un casque de réalité virtuelle pour smartphone. Ce sont des casques avec des lentilles optiques grossissantes. Ils disposent d’un système permettant de placer et de maintenir le smartphone en place. Il en existe à partir de 15€ et jusqu'à 200€.
Pour vous en procurer un, cherchez sur Internet : casque vr pour smartphone (Pensez à vérifier la compatibilité avec votre smartphone)
Il existe même des casques de réalité virtuelle pour smartphone en carton (environ 8€). Pour vous le procurer cherchez sur Internet : cardboard
La compagnie Schiaffino frères, spécialisée alors dans le service côtier est créé en 1874. Cette compagnie appartenait à la famille Schiaffino, les bateaux étaient d'ailleurs souvent baptisés du nom des membres de la famille.
Monique Schiaffino, Rose Schiaffino, Louis-charles Schiaffino, Antoine Schiaffino... et bien sur le Prosper Schiaffino.
Cette compagnie possède vingt bâtiments en 1939 mais en perd 19 pendant la seconde guerre mondiale. Ce qui fait qu’à la fin des hostilités, le seul rescapé est le Prosper Schiaffino, qui assure le transport du vin entre l’Algérie et la Métropole.
Le Prosper Schiaffino est long de 78 m pour 12 m de large, il pouvait filer 14 à 15 nœuds propulsé par une machine à triple expansion de 1800 CV. Lorsque la famille Schiaffino l'achète, il est transformé en pinardier. Il est équipé de 4 citernes sur le pont, faisant ainsi partie des premiers cargos modernes à avoir transporté du vin autrement qu'en barriques.
Le 10 novembre 1945 il fait route vers Marseille. Lorsqu'il arrive dans les parages du sud de Porquerolles, son capitaine monsieur Baillet, ordonne à ses hommes d’observer la plus grande vigilance car il reste des mines en Méditerranée.
Ce jour là, le mistral souffle, la mer est forte. A 13h10 une énorme explosion retentit. Le cargo vient de heurter une mine par bâbord avant, la proue est quasi détachée du reste de la coque ne donnant aucune chance au bateau. L’eau envahit le navire, la poupe se soulève rapidement. Ne pouvant mettre les chaloupes à la mer, l’équipage, composé de 29 marins, se trouve dans l’obligation de se jeter à l’eau.
Par chance un avion de la R.A.F, témoin du drame, alerte les secours sauvant ainsi 27 hommes, alors que 2 sont portés disparus.
LE DONATOR
Le Donator en temps normal est déjà une épave remarquable par sa taille, ses Gorgones, ses nombreux poissons, son ambiance générale, mais lorsqu’un banc de Sérioles s'invite dans votre plongée, celle-ci devient tout simplement exceptionnelle.
