Après un repos forcé d'une quinzaine de jours dus à un vent d'Est puissant, la météo est enfin clémente. Nous avons hâte de chausser nos palmes et de nous immerger. Personne n’est en retard et nous pouvons même larguer les amarres avec vingt minutes d'avance. Cap sur l'îlot. Ne vous imaginez pas une nouvelle terre ayant surgit des flots dans la rade de Hyères pendant la nuit ! Non, il s'agit ici d'une petite roche qui perce, on ne sait pourquoi, le fond sableux et sans relief à perte de vue. Nous mettons à profit la navigation pour nous préparer.

Une fois arrivés à destination, nous nous enfonçons au sein des flots. Le pilote nous a largué exactement au bon endroit. Nous arrivons à 5 mètres de la roche. Celle-ci est composée de 2 parties. Entre les deux, une petite faille légèrement oblique, étroite, propice à servir de refuge pour une Murène ou une Mostelle par exemple. Le premier habitant que nous croisons est un splendide Oursin diadème niché délicatement dans une petite cuvette. Sur la paroi verticale, les Parazoanthus s'épanouissent et servent de chevelure à une Ascidie rouge. En dessous, une énorme Éponge calice de Nicée en forme de tube avec sa grosse ouverture au sommet est fixée sur la roche à la limite du sable. Nous en observons très rarement de cette espèce. D'autres Oursins diadème parsèment les lieux. Certains sur le relief, d'autres sur le sable à la limite de la roche.

Une Éponge fétide, de belle taille, a pour voisin immédiat une Mostelle qui habite dans la faille en compagnie de la ponte d'un Poulpe. Son corps porte la trace de nombreux combats. Des Anthias virevoltent de-ci de-là. Deux Ascidies noires collées l'une à l'autre sont en partie colonisées par un spongiaire. Une étoile de mer commune est lascivement couchée sur la roche. Son corps épouse à la perfection le relief. Sur le sable, à proximité, quelques Oursins granuleux sont couverts par des feuilles mortes de Posidonie déposées là par le courant, et qu'ils ont revêtues.

Toujours sur le sable, mais plus loin, un(e) Amaroucium ou une Fraise de mer (Merci à Elise Desprez-Pochon pour l'identification) d'une couleur inhabituelle car tirant sur le jaune est elle aussi entourée par des feuilles de Posidonie. Siu-Kwan me fait signe de venir. En dessous d'elle, dans le faisceau de sa lampe, une belle Étoile de mer à sept bras, d'un magnifique orange ourlé de jaune, se hâte avec lenteur sur le fond. Ses bras sont ornés de "podias" blanc. Une minuscule roche isolée nous attire. Elle est couverte par les spongiaires et de nombreuses Ascidies noires. Un beau Spirographe, son panache déployé dans le courant, sert de support à des oeufs de Calmar.

Le temps passe et nous allons de découverte en découverte. C'est toujours impressionnant de voir la quantité d'organismes vivants regroupés sur une si petite surface. Cela rappelle certaines métropoles. Nous amorçons notre lente remontée vers le premier des trois paliers que nous devons effectuer. Le parachute est envoyé vers la surface afin que le bateau nous repère.