Par une belle journée d'automne, un peu venteuse, nous revenons sur le Maroupa, que nous avons visité en début 2022, pour observer l'évolution des espèces qui y habitent. C'est une petite épave qui se dégrade rapidement, mais qui est intéressante, car peu plongé, pour sa faune et sa flore.
C'est une eau très chargée en particules et relativement sombre qui nous accueille. Malgré une vitesse de descente soutenue, un léger courant nous entraine sur le sable à environ 50 mètres à l'Est du Maroupa. Rien de bien méchant, mais sans repères il est possible de passer toute la plongée sur le sable. Heureusement, nous prenons la bonne direction et après quelques coups de palmes vigoureux au dessus d'un fond recouvert d'algues, nous apercevons la silhouette rase de l'épave auréolée d'un banc de Sars à tête noire.
L'énorme bloc moteur sert, habituellement, de logis à une faune variée. C'est le premier lieu sur lequel nous nous rendons. Quelques Castagnoles nous regardent avec un air effarouché. Dans les recoins obscurs des culasses et autres pistons, deux gros Congres sont présents. Le Homard que nous avons découvert en janvier n'est apparemment plus là. Un peu plus loin une Mostelle fait des petits tours sur elle-même à notre approche. Sous la coque, entre le sable et un tuyau à la destination inconnue, une autre Mostelle nous tourne le dos avec un certain mépris.
Nous palmons jusqu'au bout de la coque sans rencontrer d'autres habitants. Un beau point de vue s'offre à nous lorsque nous arrivons à son extrémité et que nous entamons sa largeur. Au premier plan, à gauche et à droite des bouts de membrures ferment l'espace. Au centre trônant sur une pièce métallique un magnifique Chapon. Au second plan, arrivant sur la gauche, Siu-Kwan, progresse en éclairant devant elle et s'éloigne lentement. Au fond perdu dans une brume bleutée, la masse plus sombre du bloc moteur. Devant des myriades de Castagnoles et Girelles apportent une touche animée et colorée.
En revenant vers le bloc moteur sur l'autre bord, nous passons devant un chapelet d'oeufs de calmar ou de seiche bercés par le lent va-et-vient des masses d'eau. Une petite Langouste se cache sous une grosse pièce concrétionnée orange vif comme sa carapace. Sur le sable, un Macropode commun prend la tangente sur ses longues pattes grêles. Protégé par une couverture d'algues, un Chapon juvénile reste sur place pétrifié.
Globalement, sur cette plongée, nous avons rencontré moins d'espèces que lors de notre précédente immersion en janvier. Pas de Rouget-barbet par exemple, ni de Murène ou de Triton. Est-ce saisonnier ? Mystère. Nous reviendrons dans quelques mois en hiver pour le découvrir.
Cette épave est en réalité d'origine inconnue. Elle est dénommée le Maroupa et est supposée être le bateau de Charles Aznavour d'où son second nom l'Aznavour.
Le bateau de Charles Aznavour ?
La seule chose qu'il est possible de dire, avec certitude, est que Charles Aznavour a été pris en photo
sur un Royal Cruiser III (photo ci-dessus) de la marque Storebro
le 19 août 1967 en rade de Villefranche-sur-Mer. Il est indiqué sur le site du fabricant : "A prominent owner of Royal Cruiser III was the French songwriter Charles Aznavour, who bought a Royal Cruiser III in 1968. Unfortunately, his ship was driven from the anchorage to the rocky coast in a storm and severely damaged."
"Un éminent propriétaire du Royal Cruiser III était le chansonnier français Charles Aznavour, qui a acheté un Royal Cruiser III en 1968. Malheureusement, son navire a ripé du mouillage puis a été drossé sur une côte rocheuse dans une tempête et a été gravement endommagé."
Pour être complet, il existe une autre photo
qui montre Charles Aznavour devant l'épave d'un bateau nommé "Nouchka" le 7 aout 1972 avec comme titre : "French singer Charles Aznavour and his yacht "Nouchka" after the explosion." et comme légende : "Charles Aznavour looking at the remains of his yacht "Nouchka" after the explosion that occured on board. The french singer was onboard with his secretary Levon-Sayon and both had only few minutes to jump into the sea, 7th August 1972. (Photo by James Andanson/Sygma via Getty Images)"
"Le chanteur français Charles Aznavour et son yacht "Nouchka" après l'explosion
Charles Aznavour regarde les restes de son yacht "Nouchka" après l'explosion qui s'est produite à bord. Le chanteur français était à bord avec son secrétaire Levon-Sayon et tous deux n'ont eu que quelques minutes pour se jeter à la mer, le 7 août 1972. (Photo par James Andanson / Sygma via Getty Images)"
Il y a, en fin de compte, de très nombreuses questions sans réponse :
1 - Sur le site du constructeur, le bateau a été endommagé gravement. A-t-il été réparé ?
2 - Est-ce le même qui a explosé en 1972 ? Si oui ce n'est donc pas le Maroupa.
3 - Charles Aznavour a-t-il eu d'autres bateaux ?
Le bateau de 1967 a les caractéristiques suivantes :
Année de production 1965-1968
Longueur (m) 9.06
Largeur (m) 3.11
Tirant d'eau (m) 0.75
Hauteur au-dessus de la flottaison (m) 3.10
Déplacement (t) 3.50
Carburant (l) 2 x 200 (-1967)
2 x 300 (1967-)
Eau (l) 125
Ce qui est proche des dimensions du Maroupa.
L'épave abrite un bon nombre de Congres, Chapons, Homards, Mostelles.
Quelques restes de filets sont accrochés le long de son restant de coque. L’intérêt est le moteur et les parties métalliques. La coque a disparu, il ne reste plus que la partie enfouie dans le sable.
Petite épave ou il fait bon être la seule palanquée avec juste son binôme, le Maroupa est très abimé. Ici point de superstructures géantes, ni de cales obscures, mais uniquement un fond de coque et une motorisation. Cet ensemble est peuplé par des congres et des mostelles mais aussi par des langoustes, des homards, suivant les périodes de l'année.
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