Profitant de la fin du courant Ligure et de ses eaux chaudes riche en plancton, nous partons à la rencontre du Corail noir le mal nommé. Il y a trois mois, nous avons fait une plongée sur un autre lieu sur lequel quelques buissons s'épanouissent. Aujourd'hui, nous allons sur un second site, pas très éloigné du premier, beaucoup plus fourni.

Dès notre immersion, nous constatons que l'eau est encore chaude pour la saison. Bien sûr ce n'est pas les températures des mers chaudes autour de 29° mais un bon 20° tout de même, et ce sur les deux tiers de la colonne d'eau que nous avons à franchir pour atteindre le Corail noir.

La longue descente s'achève au sommet d'un relief, sur un champ clairsemé de Gorgones pourpres survolé par un nuage d'Anthias. Il fait particulièrement sombre et nos phares de plongée sont les bienvenus pour tirer de l'obscurité le paysage qui nous entoure. Accroché à la paroi, un bel Oursin melon duveteux semble attendre son heure. Quelques coups de palmes plus loin, un filet au maillage en partie déchiré est recouvert par une mince gangue de concrétion. Il commence sa lente décomposition. Un autre Oursin melon, inconscient du danger, l'utilise comme un hamac. Des Éponges cavernicoles jaunes poussent entre ses mailles.

Nous nous éloignons du filet pour atteindre les grandes colonies arborescentes de Corail noir qui peuplent cet endroit à la limite entre le plateau et le tombant. Nous dénombrons au moins une douzaine de colonies. C'est une espèce rare et localisée. Nous ne connaissons que deux points actuellement, tous les deux situés à l'ouest de Porquerolles. Les rameaux longs, minces et flexibles recouverts de polypes blancs duveteux oscillent lentement au gré du flux. Plus loin, une colonie solitaire héberge quelques Salmacines.

Nous profitons du spectacle offert par mère Nature en allant tranquillement d'une colonie à l'autre. Des Gorgones pourpres aux extrémités jaunes se tiennent à quelques distances du Corail noir. Sur le sol, des Éponges Chaline roses se développent tranquillement.

Après vérification de nos instruments de plongée, nous prenons la décision d'amorcer notre remontée. Lentement le sol s'estompe dans le lointain. Nous palmons entre deux eaux sans points de repère hormis la folle danse de bulles d'expiration au-dessus de nous. Après plusieurs minutes, nous finissons par atteindre la profondeur nous permettant d'envoyer le Parachute vers la surface.