Profitons d'une accalmie et prenons la mer en direction de l'est de Porquerolles où, mais nous ne le savons pas encore, une rencontre exceptionnelle nous attend. Le bateau ronronne de plaisir à l'idée de reprendre la mer. Nous embarquons le matériel et quelques vivres. Très important les vivres ! Il faut absolument ragaillardir le plongeur à la sortie de l'eau, surtout en hiver. De plus, cela participe à la convivialité sur le chemin du retour.
L'équipement et la préparation sont plus long en hiver. Il faut être très soigneux lors de l'habillage. La combinaison étanche doit être bien en place surtout au niveau des poignets et du cou sans oublier de fermer complètement la fermeture éclair sous peine de finir dans un bain glacé portatif. La cagoule requiert aussi toute votre attention. Elle doit être correctement assujettie pour un confort optimum dans une eau à 15° en surface et à peine 13° au fond.
Nous arrivons, en douceur, sur un fond de sable grossier parsemé de petites roches après une descente rapide dans une eau à la fois laiteuse, froide, d'un bleu sombre, dû à un ciel très chargé. Notre horizon pour les prochaines minutes est bouché tant l'eau est trouble. Trois à cinq mètres de visibilité grand maximum. Nous sommes pourtant bien en Méditerranée réputée pour la transparence de ses eaux.
Nous partons à l'aventure, sans but précis, vers notre première rencontre. Celle-ci prend la forme d'un Oursin granuleux qui est confortablement installé sur un obus. À ses pieds, un Oursin diadème dresse ses longs piquants. En nous déplaçant de quelques mètres, nous arrivons sur un petit relief au sommet duquel se pavane une belle Murène dont le corps, marbré de jaune, épouse la forme de la roche. Une Girelle femelle semble intéressée par le hublot du caisson contenant la caméra. Elle prend la pose et observe son reflet sur le dôme en verre.
Nous sommes dans une bulle sonore où les mille et un petit bruit du monde sous-marin nous enveloppe. Cliquetis, craquement, crissement, il est très difficile de nommer chacun des sons autour de nous. Heureusement, l'hydrophone, que nous emportons, capte cet espace sonore qui est la signature de cet endroit. Un Oursin granuleux hérissé de piquants violets aux extrémités blanches est recouvert par une multitude d'organismes dont l'identification nous est impossible.
Au milieu des algues, le corps lové en S, tel un serpent, une petite Murène dresse la tête à notre approche. Plus loin, Siu-Kwan qui est devant moi me fait des signes rapides avec sa lampe. Je m'approche aussitôt pour découvrir ce qui l'excite à ce point. Pour une surprise c'est une surprise ! Dans le faisceau de la lampe apparait en majesté un magnifique et rarissime Hippocampe moucheté. En plus de quarante ans de plongée, c'est la première fois que nous en observons un. Autant vous dire que nous sommes restés longtemps autour de lui. Nous l'avons filmé sous toutes les coutures puis nous avons observé longuement son comportement.
Un petit peuplement de Comatules orange aux dix bras fragiles et à l’aspect plumeux occupe toute une surface. Une Ascidie blanche, légèrement rosée, a pour voisine une Axinelle. À peu de distance de là, un Pagure connu sous le nom de Bernard l'hermite, transporte sur son dos une Éponge balle. Un Chapon fait son entrée en scène. Il redresse fièrement son épine dorsale à notre approche, nous signifiant ainsi de ne pas le déranger.
Le froid commence à se faire sentir malgré notre combinaison étanche. Il est temps de remonter. Le Parachute s'envole ,dans un nuage de bulles, vers la surface. Nous replions le matériel de prise de vue et notre Palanquée commence son ascension vers le premier Palier.
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