C'est une plongée hors norme qui nous attend aujourd'hui. Nous partons à la rencontre de l'exceptionnel quatrième lieu ou pousse une rarissime algue, pourtant endémique de Méditerranée, le laminaire de Rodriguez. Nous avons une fenêtre météo idéale pour cette plongée, à nous de ne pas la rater.

Vérifications du matériel et équipement, puis après être passé par-dessus bord dans un nuage de bulles bruyantes, nous fendons l'élément liquide en direction des profondeurs. L'entrée dans l'eau est toujours un violent contraste entre deux mondes opposés.

Nous entamons sans tarder la descente qui doit être rapide afin de pouvoir maximiser le temps passé au fond. Après une longue chute dans le bleu de plus en plus sombre, nous discernons enfin le sommet de la roche. Comme d'habitude, nous continuons notre descente vers le fond le long du tombant pour atteindre la plus grande profondeur de notre plongée. Ensuite, nous remonterons progressivement vers le sommet de la roche. La roche, qui défile à main gauche, est richement parée de couleurs et de formes. Éponges cavernicoles, Gorgones rouges et jaunes, Holoturies et autres habitants colonisent toute la surface. Devant, un ballet incessant d'Anthias et de Mendoles ou de Picarels anime le paysage. Plus loin, un filet est lentement avalé par une gangue de concrétions. Petites Gorgones et Salmacines se sont agrégées sur lui. Nous avançons lentement le long du tombant. Le nuage de poissons nous entoure en rangs serrés. Sur une Gorgone rouge, délicatement posé sur les ramifications, un Chapon reste imperturbable à notre approche. Ce n'est que lorsque la distance de sécurité est atteinte qu'il daigne relever sa nageoire dorsale pour nous signaler qu'il ne faut pas insister. Quelques Gorgones plus loin, une étoile de mer d'un très beau jaune strié de rouge est posée sur une Salmacine. Des Gorgonocéphales, plus ou moins déployés, se pavanent au sommet des plus grosses Gorgones.

Nous remontons lentement vers le sommet de la roche à la recherche des laminaires de Rodriguez qui sont pour l'instant aux abonnés absents. Notre environnement est d'une telle richesse qu'il est difficile de tout voir, de tout filmer. Enfin, à notre grande satisfaction, nous voyons apparaitre les laminaires de couleur brune à vert olive parsemés de petites taches blanches, à texture caoutchouteuse. Les longs rubans colonisent un espace très important en rang serré.

Un dernier coup d'oeil sur ce monde magique et nous commençons notre longue remontée vers les paliers. Un courant assez fort nous attend au premier palier. Heureusement, le bateau est équipé d'une grosse ancre flottante qui ralentit sa dérive.