Après une descente vertigineuse, nous arrivons sur un fond sableux. Fred se pose sur le sable à ma gauche. Autour de nous, des reliefs dignes des meilleurs peintres chinois classiques. Imaginez une gigantesque roche aux parois verticales, abruptes, sortant soudainement du sable sur notre gauche. Devant nous un énorme dôme rocheux. Sur la droite, torturée aux angles saillants, une roche plus haute que deux hommes debout. Ce paysage fantastique baigne dans la pénombre bleutée des profondeurs.
Nous partons en direction du dôme. Il est recouvert de Gorgones pourpres de grandes tailles et de Gorgones orange en rangs serrés. Entre deux Gorgones, des Éponges cavernicoles jaunes se disputent l'espace avec des algues encroûtantes de toutes les couleurs. De vifs Anthias, passent et repassent, dans cette forêt submergée. Dans une anfractuosité, une petite Murène est à l'affût. Les Gorgonocéphales, en pelote inextricable, sont nombreux sur le site. Certains sont à même le substrat. En levant la tête vers la lointaine surface, il est possible d'observer en contre-jour les myriades d'Anthias qui peuplent les lieux.
Soudain, devant moi, à moins de 50 centimètres, un Saint-Pierre solitaire de belle taille au corps haut et fortement comprimé latéralement apparait au détour d'une Gorgone pourpre. Contrairement à l'habitude, celui-ci ne prend pas la fuite et reste sagement devant l'objectif de la caméra se laissant admirer à loisir, les longs filaments de sa nageoire dorsale dressés fièrement. Sa robe argentée est striée par des bandes or du plus bel effet qui soulignent sa tache centrale noire. Ses nageoires transparentes frémissent rapidement. Au bout de quelques secondes, il couche ses filaments dorsaux, signe qu'il va prendre la fuite. Je l'accompagne sur quelques mètres.
Au-dessus de moi, Dominique palme lentement dans le bleu. Entre nous deux, un banc dense d'éclairs argentés strie l'espace. Comme les étourneaux, ils se déplacent en parfaite synchronisation. Nous remontons le long de la paroi. Sur une plage de sable, des Sabelles ont le panache branchial entrainé par le courant. Une très longue Bonellie attend une proie.
Cette belle plongée se termine et nous amorçons notre remontée. Nous rejoignons la surface en marquant les différents Paliers bien en sécurité sous le bateau, accrochés au Pendeur. Le temps passe rapidement en observant des Méduses pélagiques et des Salpes.
À l'Est du cap d'Armes existent des roches très peu connues loin des sentiers battus. C'est un monde digne d'une peinture à l'encre de chine avec des reliefs étranges tantôt abrupts tantôt arrondis en forme de dôme. Ici, la vie sous-marine méditerranéenne s'épanouit en toute quiétude.
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