Juillet 2022

77 ans plus tard, nous prenons la direction du large, vers ce qui est devenu l'une des plus belles épaves varoises, que nous avons la chance d'avoir à notre porte. La lumière du jour ressemble à du plomb fondu malgré une température élevée. La mer est huileuse, mais la météo annonce la venue d'une brise marine en fin de matinée.

Pour éviter d'être trop nombreux sur l'épave, nous prenons la décision de commencer par la partie avant du Grec. Après une descente rapide le long du bout reliant l'épave à la bouée de surface, nous piquons directement vers le fond sableux puis nous prenons la direction de la proue dans une eau bleu nuit. Nous arrivons rapidement au bout de la bande de sable qui sépare les deux parties de l'épave, face au mât avant. Celui-ci git sur le sol, emmailloté par des fils de nylon, que les pêcheurs abandonnent au fond lorsque leur ligne est prise. Devant nous, un rideau de Bogues se déchire pour nous révéler la proue qui se découpe, menaçante, sur le bleu sombre de l'infini liquide. Elle est couchée sur son côté bâbord. Loin au-dessus de nos têtes, dans un banc de Castagnoles et d'Anthias, un Mérou nous observe. L'énorme treuil, solidement arrimé au pont avant est entièrement recouvert par les concrétions. Tel un feu d'artifice, le banc de poissons éclate dans le faisceau de la lampe de Siu-Kwan.

Dans une déchirure un couple de Mérous essaye, vainement, de passer inaperçu. Le flanc tribord est recouvert par des Gorgones pourpres au milieu desquelles un Spirographe déploie son panache branchial. Un très beau Mérou se tient immobile sous une voûte métallique habillée d'Éponges cavernicoles d'un jaune claquant. Sa nageoire dorsale est entièrement déployée se qui signifie, en langage poisson : "Ne vous approchez pas plus près". Devant notre insistance il effectue lentement un arc de cercle et s'éloigne.

Nous reprenons la direction de la partie arrière en survolant de nouveau la langue de sable sur laquelle nous avons rencontré, en juin 2021, une splendide Baudroie . Comme sortie de la nuit, la poupe du Grec se matérialise lentement devant nous, imposante masse métallique sombre habillée par les nuages de bulles des plongeurs. L'énorme hélice est toujours en place immobile à jamais dans sa gangue de concrétions. Au raz du sable, cherchant un refuge, un petit Mérou essaye de disparaitre sous la coque. Plus loin, un Congre sort la tête de son trou comme pour nous saluer.

Nous remontons à la hauteur du pont et sommes accueillis par un énorme banc de Sars à tête noire au milieu duquel ce qui ressemble à un Sar à museau pointu se dissimule. Sur les superstructures, ayant depuis longtemps perdu leur toit, des algues ressemblant à des feuilles de tabac ondulent paresseusement. Un autre banc de Sars à tête noire passe en pleine eau, jetant des éclairs lorsque leurs corps argentés accrochent le faisceau des lampes.

Quelques Étoiles de mer épineuse ornent les parois verticales des superstructures. Les Gorgones pourpres sont accrochées sur le moindre espace libre. Un Doris géant est délicatement posé sur un lit d'algues vertes. Une Girelle curieuse vient nous voir de plus près cherchant à comprendre qui nous sommes.

Nous amorçons notre remontée après avoir bien profité de notre plongée. Au premier Palier, nous avons comme compagnie une Méduse pélagique. Sa délicate ombrelle pulse l'eau régulièrement. Elle se détache nettement en contre-jour. En surface, les nuages ont dû faire place au soleil, car l'eau est plus claire. Nous avons perdu de vue notre compagne de palier. Nous remontons au palier suivant pour la retrouver ainsi qu'une Ceinture de Vénus.


Dans sa belle tenue grise rehaussée de délicates pointes de jaune, le Doris géant, le plus grand des Doris de Méditerranée, a très fière allure. Sa taille se situe autour d’une dizaine de centimètres, mais certains peuvent mesurer jusqu'à 20 cm. Cette espèce est endémique à la mer Méditerranée, c'est-à-dire restreinte à cette mer.

On peut l'observer à partir de la surface et jusqu’à 60 m de profondeur. Il affectionne les tombants riches en colonies d’éponges dont il se nourrit. Tous les nudibranches sont des carnivores, qui râpent leurs aliments avec une sorte de râpe constituée de rangées de dents calcaires.

Le doris géant est simultanément mâle et femelle, car il possède les organes reproducteurs des deux sexes. L'été, pour l’accouplement, ils se positionnent tête-bêche afin de se féconder mutuellement.

Il pond des œufs déjà fécondés. Sa ponte a la forme d’un ruban orange et blanc gélatineux enroulé fixé sur le substrat. Après éclosion, la larve a une période pélagique, puis donnera un individu adulte après plusieurs métamorphoses. 



Construit en 1912 par les chantiers navals Dundee SB ltd, le Sagona était un petit cargo de 54 m de long et de 8,5 m de large jaugeant 808 tonnes. Il disposait d'une machine à vapeur de 98 ch. Sa vitesse de pointe était de 11 nœuds.


Immatriculé à Londres, il est transféré à Saint-Jean de Terre-Neuve où il est intégré dans un service de caboteurs relié au réseau ferroviaire de l'île. Il changera de propriétaire et de fonctions plusieurs fois au cours de sa paisible carrière. Il a notamment été utilisé pour des campagnes de chasse au phoque de printemps en 1923. En 1941, il est vendu à la Colliford Clarke Company de Londres puis à une société grecque, la Zaratti S.S. Co, basée à Panama.

Son surnom "Le Grec" vient du fait qu'au moment du naufrage, l'équipage et les papiers du navire étaient de cette nationalité.

Naufrage

Le 3 décembre 1945, chargé de vin, comme le Donator, le Sagona se présente entre les îles de Port-Cros et de Porquerolles. Le mistral est fort et le navire longe la côte sud de l'île de Porquerolles. La zone n'est pas complètement dégagée des mines de la dernière guerre. Il  heurte une mine du côté bâbord et coule immédiatement, tuant deux hommes et faisant un disparu. Le reste de l'équipage est pris en charge par les bateaux qui viennent à leur secours.

LE GREC

3 décembre 1945 par fort mistral le pinardier Sagona dit le Grec, battant pavillon panaméen, s'engage entre les îles de Port-Cros et de Porquerolles. Soudain, il touche une mine sur son côté bâbord. Coupé en deux, il disparait corps et biens faisant deux morts et un disparu.

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