FRIMAS EN EAU TURBIDE
Le vent est tombé dans la nuit. La mer reste quand même agitée en ce matin de février lorsque nous quittons le port. La surface liquide, que nous labourons de notre étrave est déserte. Elle devrait s'aplanir rapidement d'après la météo. Pour nous protéger du restant de houle d'est, nous mettons le cap à l'ouest. La pointe de la Badine est bientôt dans notre sillage, cap vers la tourelle de la Jeaune Garde et au-delà. Notre destination se rapproche et nous commençons à nous préparer.
Notre fidèle compagnon, le GPS, nous amène au-dessus de notre point de plongée. Nous partons de concert à deux Palanquées. L'eau est sombre, densément peuplée par des particules en suspension. Nous perdons rapidement de vue la surface. L'obscurité bleutée et froide nous enserre. Dans le faisceau étroit des lampes qui déchire la nuit, nous accrochons de temps en temps le visage laiteux d'un autre plongeur. Le fond se fait attendre. Ce n'est que ténèbres en dessous de nous. Enfin, progressivement, sorti du bleu profond, le contour du sec se dessine dans toute sa majesté.
C'est une énorme colline pyramidale dont le sommet est recouvert d'une chevelure de Gorgones au-dessus desquelles un nuage d'Anthias s'ébat. De loin, les flancs de ce relief paraissent nus. Il faut se rapprocher pour que nos lampes sortent de la nuit les organismes qui vivent là, solidement accrochés au substrat. C'est alors que les couleurs font leurs entrées en scène. C'est une débauche de jaune, orange, pourpre, vert, brun qui dans le léger courant oscille dans une danse tendre et langoureuse.
Les milliers Anthias jeunes et farouches s'égaillent dans toutes les directions. Dans une petite faille oblique, des Oursins diadème, sont regroupés à la queue leu leu. Sur une zone inclinée, un magnifique Chapon vêtu de sa livrée orange à taches blanches prend la pose sur un lit vert-brun. L'oeil vif suit nos déplacements tandis que ses épines dorsales se redressent pour nous signifier que nous le dérangeons.
Accroché à une Gorgone pourpre un Gorgonocéphale de couleur crème déploie ses bras dans le courant pour capter les particules nourricières. Deux Étoiles de mer rouge sont installées, sur un relief recouvert par une végétation hirsute, les bras pendants. Au détour d'un relief, la tête d'une Murène fait son apparition hors d'un trou. Sa peau brune tachée de jaune est toute plissée. La bouche grande ouverte elle nous observe du coin de l'oeil d'un air passablement inquiet.
Nous arrivons sur le côté le plus escarpé du site. Le long de la pente, les Anthias vont et viennent dans un lent ballet. Sur le sol, posé sur un fond à dominante orange, un Doris dalmatien d'un beau blanc éclatant parsemé de taches brunes, essaye sans y parvenir de rester discret. Nous finissons notre parcours au pied d'une belle Gorgone pourpre dont la ramure semble nous dire au revoir. Il est temps de regagner la surface mais avant il faut se préparer aux long Paliers.
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