PASSE RIBAUDON
Un vent d'Est puissant a transformé pendant quelques jours la rade de Hyères en un immense et bouillonnant chaudron de sorcière. Même les gabians, pourtant si intrépides, restent chez eux. Ciel bas rejoignant les flots, nuages gris, boursouflés et crevassés, aux formes inquiétantes, vagues nerveuses à la crête blanchâtre écumante, humidité prégnante, grisaille plombée, jours plus courts, voilà de quoi démoraliser le plongeur le plus endurci. Toutefois si vous êtes patient, il est possible de vous immerger. Pour cela, une bonne connaissance des vents et courants dans la rade et une interprétation fine de la météo est indispensable. Vous pourrez alors trouver la fenêtre météo s’ouvrant sur les profondeurs.
L'étrave, ourlée de sa moustache blanche, laboure les flots vers le cap de l'Estérel et au-delà le fort du Pradeau et la tour Fondue, aux abords du petit Ribaud. Le petit Ribaud ! Bien des légendes l'auréole de mystère dont celle d'un "savant atomique" qui dans son laboratoire bunker aurait travaillé sur une bombe à hydrogène. Raphaël Meltz, écrivain de son état, a publié dans "Le tigre" une enquête approfondie sur le sujet que nous vous convions à découvrir .
La surface s'ouvre sous notre poids puis se referme aussitôt dans une girandole liquide. Nous nous laissons couler tranquillement. Le fond arrive bien vite. Il est constitué de sable et est jonché de débris de Posidonies. Morne plaine à perte de vue. Une légère pente nous indique la direction de la côte. Nous avançons vers un petit relief à la recherche de la vie. Le premier habitant des lieux est un Serran chèvre qui nous observe de haut. Quelques Ascidies noires et des éponges encroûtantes orange recouvrent le monticule. À son sommet des touffes éparses d'algues hirsutes.
Une autre proéminence, dans le sens montant de la pente, attire notre attention. Elle est plus basse et plus allongée que la première et héberge quelques Gorgones blanches anémiques. Plusieurs Girelles nagent au-dessus d'elle. Ses bords sont recouverts par des feuilles coriaces de Posidonies qui, se dégradant très lentement, constituent après leur mort des accumulations propices à la vie sous-marine et au transfert de carbone. Une ou deux éponges orange ajoutent une tache de couleur vive au vert brun dominant. Dans un repli, une Anémone charnue a trouvé un gite à sa mesure.
À la limite du champ de Posidonies, encore dans le lointain, des Castagnoles évoluent en banc quelques mètres au-dessus du fond sableux. Jean-Jacques attire mon attention sur un beau test, d'une blancheur immaculée, d'Oursin spatangue pourpre reconnaissable facilement à sa forme de coeur. Autre roche, autre faille. Une paire d'antennes brasse l'eau devant elle. Derrière de longs appendices orangés et nerveux, une Langouste nous observe de ses yeux proéminents. Au-dessus d'elle, une énorme Éponge fétide grise marbrée de blanc est solidement fixée.
Nous rejoignons une roche percée formant une mini grotte dans laquelle évolue un Sar à tête noire, des Girelles et des Anthias. Ce petit monde s'agite frénétiquement en tous sens à notre approche. Ascidies noires et Ascidies blanches peuplent la surface externe de la roche. Nous avançons sur le sable pour découvrir au pied de l'herbier une Étoile de mer rouge qui se pavane, tel Jabba le Hutt , sur un lit de Posidonies. Des Oursins granuleux utilisent la technique inverse. Ils se recouvrent soigneusement avec les feuilles.
Une Bonellie se rétracte dès quelle perçois notre présence. À côté, un très grand Spirographe étale son panache branchial dans la légère houle en quête de nourriture. À ses pieds, en partie dissimulé, un Chapon redresse son épine dorsale de façons menaçante. Nous terminons cette exploration avec un Pleurobranche tortue.
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